Une vive polémique enfle autour de la décision du gouvernement congolais de financer le sponsoring de clubs de football européens à hauteur de 43 millions de dollars. Une initiative jugée choquante, au regard des urgences sociales et humanitaires que traverse la République démocratique du Congo.
Alors que plus de 7 millions de Congolais vivent dans des camps de déplacés internes, et que 25 millions de citoyens souffrent de la faim selon les chiffres humanitaires, ce projet gouvernemental passe mal. « C’est une provocation morale », s’indigne Moïse Katumbi dans une lettre ouverte adressée au président Félix Tshisekedi, rédigée depuis Washington.
Dans ces camps, des familles entières survivent sans accès à l’eau potable, aux soins de santé ou à l’éducation. Les infrastructures scolaires et hospitalières sont en ruine, les militaires touchent des soldes dérisoires, et 65 % de la population n’a toujours pas accès à l’eau potable.
« Pendant que vous projetez d’inscrire le nom du Congo sur des maillots européens, nos enfants meurent de faim, nos soldats défendent la nation pour moins de 5 dollars par jour », dénonce l’opposant congolais Moïse Katumbi et président du TP Mazembe.
Pire encore, le championnat national de football congolais est à l’agonie. Faute de financement, il a été interrompu. Les clubs historiques manquent de moyens pour assurer les déplacements de leurs joueurs, les stades ne répondent plus aux normes internationales, et les jeunes talents locaux sont laissés à l’abandon.
Dans ce contexte, allouer 43 millions USD à des clubs européens richissimes est perçu comme une trahison des priorités nationales.
« Un père digne de ce nom peut-il nourrir les enfants des autres pendant que les siens ont le ventre vide ? », s’interroge-t-il.
La lettre pointe du doigt l’absence de débat public autour de cette décision, son opacité budgétaire, et son mépris du bon sens économique. Pour ses détracteurs, il ne s’agit pas de gouvernance, mais d’un « fétichisme publicitaire financé par le Trésor public ».
À l’heure où la jeunesse congolaise triomphe à l’étranger sans le soutien de l’État, la politique actuelle est dénoncée comme un complexe d’infériorité : préférer une vitrine européenne à la construction d’un football local durable.
« L’argent du peuple doit servir le peuple », conclut MoïseKatumbi. Il appelle solennellement le chef de l’État à reconsidérer ce choix.
Car, selon lui, le peuple congolais n’a pas besoin d’une campagne d’image à l’étranger, mais d’eau, de pain, d’écoles, de soins et de paix.