Le Réseau européen pour l’Afrique Centrale (EurAc, qui rassemble 36 organisations européennes de la société civile) a publié lundi son rapport intitulé « Élections de 2023 en RDC: rectifier les erreurs du passé pour consolider la démocratie ». À un peu plus d’un an des présidentielles de 2023 en République Démocratique du Congo, la publication réalise un état des lieux de la situation préélectorale du pays et propose plusieurs pistes à l’Union européenne pour accompagner le scrutin prévu en décembre 2023. « Les élections attendues pour fin 2023 s’insèrent dans un contexte politique et social caractérisé par le manque de consensus entre les parties prenantes, la démotivation des citoyens vis-à-vis du processus électoral, la fragilité du système partisan suite à la recomposition de la majorité parlementaire et bien d’autres constats. Plusieurs inquiétudes émergent aussi, notamment celle d’une volonté du pouvoir en place de contrôler l’organe électoral », relève le communiqué lié à la publication du rapport.
Candidat à sa propre succession en 2023, Félix Tshisekedi avait pris le pouvoir en janvier 2019 après les élections de 2018, déjà reportées par trois fois. Il a ainsi succédé à Joseph Kabila, à la tête du pays pendant 17 ans. À l’époque, cette victoire avait été largement controversée. M. Tshisekedi avait été proclamé vainqueur avec un peu plus de 38% des suffrages, un pourcentage qui ne correspondait pas aux relevés réalisés par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Malgré plusieurs recours, tous rejetés, Félix Tshisekedi avait prêté serment et plusieurs violences post-électorales avaient éclaté, faisant plusieurs morts.
Dans son rapport, l’EurAc – qui plaide pour un « engagement fort » de l’Union européenne et de ses États membres pour soutenir la transition démocratique dans la région des Grands Lacs – liste une série de recommandations envers l’UE afin d’accompagner au mieux le prochain scrutin congolais. « Il est crucial d’agir en amont du scrutin de 2023, de manière ferme, préventive et unie, en établissant des lignes rouges claires que le processus électoral ne doit pas franchir. Ceci, en vue de contribuer à la pacification du climat électoral, mitiger la potentialité de scrutin frauduleux et prévenir une situation de violence post-électorale qui pourrait embraser toute la région des Grands Lacs. »
Parmi ces recommandations, le rapport presse l’UE de continuer à encourager les institutions politiques de la RDC à oeuvrer à l’organisation « d’élections libres, transparentes, crédibles et apaisées ». L’EurAc souligne également que l’UE « devrait créer une task force temporaire pour les élections de 2023 » qui permettrait d’évaluer la situation (pré)électorale et les différents non-respect du droit aux manifestations pacifiques et aux violences perpétrées envers les activistes.
Le rapport préconise également de renforcer l’appui politique et financier à la société civile congolaise. Cette dernière « doit être soutenue bien davantage dans son triple rôle crucial d’éducation civique permanente, de défense des droits humains et des libertés publiques, et de monitoring plus spécifique de la préparation des élections », conclut le rapport.
Robert Kamunga