Rose Mutombo, la ministre congolaise de la Justice, est depuis mardi à La Haye où se tient la 21e Assemblée des États parties. Elle s’est exprimée du haut de la tribune pour déplorer cet état de chose qui a endeuillé toute une communauté.
« Pendant que nous sommes dans cette salle, une partie de l’Est du territoire de la République Démocratique du Congo, dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu est le théâtre de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre, de crimes de génocide et de crimes d’agression qui occasionnent des milliers des morts, des violences sexuelles, sans compter des déplacements massifs de populations », a déclaré Rose Mutombo, Ministre de la Justice, ce, avant de demander une minute de silence et assurer que les auteurs sont connus : ADF et M23, qu’elle a qualifié de « supplétifs de l’armée rwandaise ».
A travers cette déclaration, les autorités de la RDC veulent que la Cour Pénale Internationale ouvre une enquête sur ce qui s’est passé à Kishishe dans l’Est du pays, le mardi 29 novembre. Lundi 05 décembre dernier, le gouvernement a avancé un bilan très lourd de 272 morts. Les autorités accusent les rebelles du M23 de s’en être pris aux habitants. Kinshasa affirme vouloir interpeller la justice internationale.
Tout en saluant l’annonce faite lundi par le procureur de la Cour, Karim Khan, de visiter prochainement certains pays, la RDC, à travers son président Félix Tshisekedi, demande par la voix de la ministre au procureur de commencer sa visite par la République démocratique du Congo. Cette visite lui permettra « de se rendre compte du désastre humain » pour qu’il « n’hésite pas » à se saisir de tous les auteurs et coauteurs, complices de crimes graves.
« Par ailleurs, face à l’agression dont mon pays est victime de la part du Rwanda, je suis convaincue qu’il bénéficiera de la même compassion dont témoigne la communauté internationale à l’égard de l’Ukraine », a insisté la ministre.
Rappelons que depuis la réactivation de la rébellion du M23 dans l’est congolais en novembre 2021, la CPI n’a annoncé aucune enquête sur des faits pouvant relever de crimes de guerre ou crimes contre l’humanité. Pour Kishishe, située à moins de 100 km au nord de Goma, les autorités congolaises parlent de « massacre ».
Steven MUHINDO