L’exploitation illégale des ressources minières de la République Démocratique du Congo alimente la guerre à l’Est du pays, sous le regard passif de la communauté internationale. Une situation que la Première Ministre, Judith Suminwa Tuluka, a dénoncée avec force ce lundi 03 février, lors de son intervention en visioconférence à l’ouverture du Forum Investing in African Mining Indaba, en Afrique du Sud. Un cri d’alarme, un plaidoyer, mais aussi un appel à l’action pour une exploitation minière responsable et bénéfique aux peuples africains.
Face à une audience composée de chefs d’État, d’investisseurs et d’acteurs majeurs du secteur minier, la Première Ministre congolaise n’a pas mâché ses mots. Son discours, marqué par la gravité et l’émotion, a mis en lumière la tragédie qui se joue à l’Est de la RDC, où les minerais de sang financent la violence et le chaos.
«En ce moment où je m’adresse à vous, les cris de détresse résonnent à travers mon pays, portés par une douleur indicible. La RDC, notre patrie, est frappée par une guerre inhumaine et lâche, orchestrée par la barbarie rwandaise», a signifié Judith Suminwa Tuluka.
Des milliers de morts, des populations abandonnées, des hôpitaux débordés et un manque criant de ressources médicales : les conséquences de cette exploitation illégale sont dramatiques. Pourtant, les minerais continuent de quitter illégalement le sol congolais, alimentant des circuits opaques où se mêlent les intérêts économiques et conflits armés.
La Première Ministre a rappelé un paradoxe cruel : la RDC, pays immensément riche en ressources minières, est l’une des nations les plus touchées par la guerre et l’instabilité.
«Nos richesses minières sont exploitées illégalement pour financer la violence. Ces minerais de sang doivent être traçables, contrôlés et certifiés», a-t-elle martelé.
Dans son discours, Judith Suminwa Tuluka a également salué le soutien de l’Afrique du Sud, qui s’est engagée aux côtés de la RDC dans la Mission de la SADC (SAMIDRC) pour défendre l’intégrité du pays.
Mais au-delà des dénonciations, le gouvernement congolais veut agir. Des réformes sont en cours pour assurer un climat des affaires attractif et responsable, où les investisseurs pourront exploiter les richesses du pays dans le respect des normes environnementales et sociales.
«L’exploitation minière doit être un levier de développement durable, et non un fardeau pour les générations à venir», a-t-elle ajouté.
Mais une question demeure : la communauté internationale va-t-elle enfin réagir ? Pour Kinshasa, « le silence face à ces crimes est une complicité inacceptable« .
Alors que la RDC plaide pour une exploitation minière éthique et transparente, les regards sont désormais tournés vers les grandes puissances et les institutions internationales. La réponse à cet appel déterminera si l’avenir du secteur minier africain sera enfin synonyme de prospérité… ou restera un terrain de conflits et de pillages.
Barth NGINDU