Silence, recueillement et gravité à la Nonciature apostolique de Kinshasa. Moins de 24 heures après l’annonce du décès du pape François, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka s’est rendue ce mardi matin dans l’enceinte diplomatique du Saint-Siège pour adresser les condoléances officielles du gouvernement congolais. Un hommage sobre, mais hautement symbolique, à celui que la RDC considère comme une voix de vérité et de paix.
Dans un climat empreint d’émotion, la Cheffe du Gouvernement a été accueillie par le Nonce apostolique, avec qui elle a échangé brièvement avant de signer le livre de condoléances. Le geste est fort : il marque le respect d’un État pour un homme dont la parole a profondément touché le peuple congolais.
«Le Saint-Père était un homme de foi, un bâtisseur de paix. Il l’a démontré ici, en RDC, où il a dénoncé avec force l’exploitation illégale de nos ressources, à l’origine de cette guerre qui a causé tant de morts », a déclaré Judith Suminwa devant la presse, au terme de sa visite.

Un souvenir encore vif
Le souvenir du passage du pape François en République démocratique du Congo reste encore vivant dans les esprits. En février 2023, sa visite à Kinshasa avait galvanisé des foules et marqué les consciences, tant par la force de ses mots que par la sincérité de son engagement. « Retirez vos mains de la RDC ! » avait-il lancé avec fermeté, dénonçant le pillage des ressources congolaises, cause majeure de la guerre qui ravage l’Est du pays.
Deux ans plus tard, ces paroles résonnent toujours avec autant de puissance. Et c’est ce message que Judith Suminwa est venue rappeler : celui d’un pape engagé, solidaire, et profondément humain.
Ce déplacement ne relevait pas d’un simple protocole diplomatique. Il s’inscrit dans une volonté claire de la Première ministre de faire entendre la voix de la RDC sur la scène internationale, dans un moment où la figure du pape François rassemble au-delà des clivages religieux.
En exprimant la gratitude du peuple congolais, Judith Suminwa incarne aussi une certaine continuité entre le message du Souverain Pontife et les aspirations profondes de la nation : paix, justice, souveraineté. Un positionnement à la fois moral et politique, qui réaffirme le rôle de l’État dans la reconnaissance de ceux qui, comme le pape François, ont osé dire l’indicible.
Le décès du pape François, survenu à l’âge de 88 ans après une longue hospitalisation, laisse un vide dans le monde spirituel. Mais son héritage, lui, est loin de s’éteindre. En RDC, ce legs résonne comme un appel à la responsabilité : celui de poursuivre, par des actes, le combat pour une paix véritable.
Dans les pas silencieux de Judith Suminwa à la Nonciature, c’est tout un pays qui rend hommage. Et c’est peut-être là, dans ce geste digne et symbolique, que s’écrit la suite d’un dialogue entre foi et engagement, entre mémoire et avenir.
Barth NGINDU