L’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo est dans la tourmente judiciaire. Le Ministère public a requis, ce mercredi, 20 ans de servitude pénale principale contre lui, ainsi que contre ses coaccusés : l’homme d’affaires sud-africain Christophe Grobler et l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déogratias Mutombo. Ces réquisitions interviennent dans le cadre de l’affaire du projet agro-industriel Bukanga Lonzo, devenu aujourd’hui synonyme de fiasco et de détournements massifs.
Devant la Cour, le Procureur général n’a pas mâché ses mots. Il a soutenu que toutes les conditions légales étaient réunies pour retenir les infractions de détournement de deniers publics. L’ancien Premier ministre aurait, selon le ministère public, usé de son pouvoir pour écarter les ministres sectoriels, s’arrogeant seul la gestion d’un projet stratégique censé booster l’autosuffisance alimentaire du pays.

Des montants colossaux ont été évoqués : sur plus de 100 millions USD décaissés, seuls 34 millions auraient effectivement servi à des fins directement liées au projet. Le reste ? Détournements, surfacturations, sociétés écrans, avantages financiers indus.
Complicité présumée et sanctions aggravées
Christophe Grobler et Déogratias Mutombo sont accusés d’avoir facilité les opérations frauduleuses. Le ministère public affirme que leur appui logistique et technique à Matata Ponyo fut indispensable à la réalisation des actes criminels.
Le procureur demande, en plus des peines principales, des sanctions politiques et administratives : Interdiction de voter et d’être éligible pendant 10 ans pour Matata Ponyo, 5 ans d’interdiction pour Mutombo, Expulsion du territoire national pour Grobler après l’exécution de sa peine.
Au cœur de ce procès emblématique, le projet Bukanga Lonzo est devenu le symbole des échecs coûteux du développement planifié. L’ambition initiale de créer un pôle agro-industriel moderne s’est noyée dans les marécages de la corruption et de la mauvaise gouvernance.
Le verdict est attendu pour le 14 mai 2025. En attendant, l’opinion publique reste suspendue à ce procès, qui pourrait bien redéfinir les contours de la lutte contre l’impunité des élites politiques en RDC.
Barth NGINDU