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Le Rwanda agresse, la RDC doit répondre : élargissement de la fermeture de l’espace aérien (Tribune de Engunda Ikala)

Face à la persistance des agressions rwandaises sur le sol congolais, il est temps pour la République Démocratique du Congo d’opposer une réponse claire, ferme et souveraine. L’occupation de notre territoire par l’armée rwandaise, sous le masque du M23 ou de l’AFC, ne peut continuer à être tolérée sans conséquences. Au-delà des condamnations diplomatiques devenues routinières, la RDC doit désormais employer tous les leviers de pression à sa disposition pour faire respecter son intégrité.

C’est dans ce contexte qu’a été prise, à juste titre, la décision d’interdire à la compagnie RwandAir de survoler l’espace aérien congolais. Mais face au mépris persistant de Kigali pour le droit international, ce premier pas ne suffit plus. Il faut désormais élargir cette mesure à l’ensemble des vols à destination ou en provenance du Rwanda, toutes compagnies confondues. Il s’agit là d’un durcissement pleinement justifié, non seulement par la gravité de l’agression, mais surtout par le refus du Rwanda de se conformer à la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui exige un retrait immédiat et sans conditions de ses troupes du territoire congolais.

Cette décision s’impose d’abord comme un acte de souveraineté non négociable. L’espace aérien fait partie intégrante du territoire national, au même titre que les frontières terrestres ou les eaux intérieures. Le laisser accessible à un pays agresseur, qui viole notre sol, massacre nos populations et sape notre autorité légitime, reviendrait à normaliser l’inacceptable. En interdisant tout accès au ciel congolais à tout appareil en direction ou en provenance du Rwanda, la RDC envoie un message clair : notre souveraineté n’est pas à géométrie variable. Elle s’exerce pleinement, au sol comme dans les airs, et aucune entité hostile ne saurait en bénéficier.

Cette mesure serait également stratégiquement efficace, car elle cible un secteur névralgique de l’économie rwandaise. Kigali a construit, autour de sa compagnie RwandAir, une ambition de hub aérien régional. Cette image de connectivité moderne, vitrine de stabilité et d’ouverture, repose sur un accès fluide aux espaces aériens voisins. En fermant son ciel à tous les vols en lien avec le Rwanda, la RDC contraint ce pays à allonger ses routes, à consommer plus de carburant, à réorganiser ses fréquences, et surtout à assumer le coût croissant de son aventure militaire illégale. Il ne s’agit pas de frapper aveuglément, mais de faire payer le prix de l’agression à ses véritables architectes.

Sur le plan juridique, cette décision serait parfaitement légitime. La Convention de Chicago de 1944 reconnaît à chaque État la pleine souveraineté sur son espace aérien. La RDC est donc en droit de restreindre, suspendre ou interdire tout survol pour des raisons de sécurité nationale. Il suffit d’une notification formelle à l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), suivie de l’émission de NOTAM (avis aux navigants) par l’Autorité de l’Aviation Civile congolaise. Contrairement à une opération militaire, il s’agit ici d’un acte de droit, calme, maîtrisé mais déterminant, que nul ne peut contester en droit international.

Certains diront qu’il faut privilégier le dialogue. Mais quel dialogue est possible avec un voisin qui vous poignarde pendant qu’il vous tend la main ? Quel sens a la diplomatie si elle ne s’appuie sur aucun rapport de force ? L’histoire enseigne qu’on ne fait pas la paix avec ceux qui violent, massacrent et occupent en toute impunité. On ne construit la paix qu’en posant des limites claires, en traçant des lignes rouges qui, une fois franchies, appellent des mesures concrètes. Refuser le survol rwandais, ce n’est pas rompre le dialogue, c’est le rééquilibrer par la dignité et la dissuasion. Et surtout, c’est refuser la banalisation d’un acte de guerre contre notre pays.

En définitive, la RDC n’a pas à supplier pour sa souveraineté. Elle doit l’exercer, sans faiblesse, chaque fois qu’elle est menacée. L’interdiction du survol de notre espace aérien par tous les vols en direction et en provenance du Rwanda est une réponse légale, proportionnée et stratégique à une agression persistante et à une violation flagrante d’une résolution des Nations Unies. Ce n’est ni un acte de guerre, ni un caprice politique. C’est une manière d’affirmer, sans ambigüité, que le Congo n’est pas un territoire à survoler pendant qu’on y sème la mort au sol. Si le Rwanda veut le respect, qu’il commence par respecter les frontières des autres. À défaut, qu’il découvre le coût réel de sa politique d’agression.

Engunda IKALA, chercheur

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