La Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Réunis à Kinshasa du 12 au 15 mai 2025 à l’occasion de leur 62ᵉ Assemblée plénière ordinaire, les évêques catholiques du pays ont dressé un tableau préoccupant de la situation en République démocratique du Congo. Entre crispation politique, instrumentalisation de la justice et aggravation de la crise sécuritaire, l’Église catholique dénonce une gouvernance en décalage avec les attentes du peuple congolais.
Si la CENCO reconnaît « les efforts diplomatiques du Président Félix Tshisekedi » et « les moyens consentis par le Gouvernement pour maintenir l’unité et la stabilité », elle reste néanmoins alarmée par la persistance et l’aggravation des crises que traverse le pays.
« La crise multiforme que connaît la RDC continue à s’amplifier, à la grande désolation du peuple congolais », regrettent les évêques.
Sur le plan sécuritaire, les prélats pointent la poursuite des conflits armés et intercommunautaires, notamment dans l’Est du pays, où les violences se multiplient. « Ces guerres endeuillent la RDC depuis des années et s’étendent de manière inquiétante, mettant en péril l’intégrité territoriale et l’unité nationale », affirme la CENCO, appelant à une réponse cohérente et humaniste à ces violences.
La tension politique actuelle préoccupe également les responsables de l’Église catholique. Ils dénoncent un climat politique particulièrement tendu, alors que des efforts sont entrepris pour la formation d’un gouvernement d’union nationale.
« Au moment où le pays a besoin d’unité, les consultations politiques se déroulent dans un environnement hostile, ne permettant pas d’atteindre les résultats escomptés », déplore la CENCO.
L’exploitation des ressources naturelles, notamment les minerais stratégiques, est un autre point de friction. La CENCO met en garde contre des partenariats opaques et peu bénéfiques à la population. « Nous devons nous assurer que les activités minières contribuent réellement au développement intégral de chaque Congolais et du pays tout entier », insiste-t-elle.
Les critiques les plus virulentes visent toutefois le système judiciaire. Malgré les promesses de réforme, la justice reste, selon la CENCO, «manipulée par les plus forts». Les évêques dénoncent également l’impunité dans le traitement des contentieux électoraux et les spoliations foncières, dont l’Église elle-même serait victime. « Les scandales révélés au grand jour restent impunis, et les cas de spoliation sont devenus une pratique courante », s’indignent-ils.
En réponse à ces multiples dérives, la CENCO appelle à un sursaut collectif. Elle propose l’adoption d’un « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble », seule voie selon elle pour sortir durablement de la crise. « Une paix durable, c’est notre priorité. Engageons-nous pour la paix en RDC et dans la Région des Grands Lacs », conclut-elle.
CKK