La tension monte d’un cran au Sénat congolais, alors que le débat autour de la possible levée des immunités de l’ancien président Joseph Kabila alimente une vive confrontation entre figures majeures de l’institution. Ce mardi 20 mai, un échange virulent par médias interposés a opposé le président du Sénat, Sama Lukonde, à la sénatrice Francine Muyumba, révélant une fracture politique de plus en plus marquée.
Sur son compte X (anciennement Twitter), Sama Lukonde a réaffirmé son engagement en faveur d’une gouvernance responsable : « Je suis résolument engagé à faire du Sénat une institution exemplaire, à la fois moderne, transparente et pleinement redevable devant la Nation », a-t-il déclaré.
Il a également annoncé une série d’initiatives internes : « C’est dans cet esprit que j’ai engagé une série d’audits pour détecter les emplois fictifs et restaurer la rigueur dans la gestion des deniers publics. Chaque franc du contribuable doit servir l’intérêt général, et non entretenir des pratiques déviantes. »
Mais cette sortie n’a pas tardé à provoquer une réaction cinglante. Francine Muyumba, également sénatrice, a riposté avec virulence dans un message publié sur la même plateforme:
« Monsieur le Président du Sénat et très cher frère, vos déclarations sont vides de vérité. Parler de rigueur et de transparence alors même que vous cautionnez de graves violations des lois de la République, c’est faire offense à l’intelligence du peuple congolais », a-t-elle fustigé.
Cette joute verbale survient dans un contexte explosif : celui des discussions autour de la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila, ancien chef de l’État et sénateur à vie. Pour ses partisans, la procédure s’apparente à une manœuvre politique. Pour ses détracteurs, elle relève d’une logique de reddition des comptes et de moralisation de la vie publique.
Proche de l’ancien président, Francine Muyumba accuse ouvertement Sama Lukonde d’être complice de ce qu’elle qualifie de « dérive institutionnelle » :
« Vous prétendez vouloir faire du Sénat une institution exemplaire, mais en réalité, vous participez à sa dislocation juridique et morale », a-t-elle affirmé, pointant « l’examen d’actes manifestement irrecevables en droit » comme preuve de l’« instrumentalisation » de la justice à des fins politiques.
Elle va plus loin, insinuant que le président du Sénat serait manipulé : « Vous êtes utilisé pour légitimer l’illégitime, et cela vous mènera à votre propre affaiblissement, car ceux qui vous applaudissent aujourd’hui préparent déjà votre isolement de demain. »
Sama Lukonde, de son côté, n’a pas directement réagi aux attaques personnelles. Cependant, ses déclarations laissent entrevoir une volonté de rupture avec les pratiques du passé. En mettant en avant la transparence et la lutte contre les abus, il semble vouloir faire de son mandat un tournant dans l’histoire du Sénat congolais.
CKK