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«Un coup d’État institutionnel en 2020» : Joseph Kabila sort de son silence et charge Félix Tshisekedi

Dans une rare et très attendue adresse à la nation ce vendredi 23 mai 2025, l’ancien président congolais Joseph Kabila a pris la parole pour évoquer les enjeux politiques qui secouent la République démocratique du Congo. À travers un ton grave et direct, il est revenu sur les circonstances de la coalition formée avec son successeur Félix Tshisekedi en 2019, avant de dénoncer ce qu’il qualifie de dérives institutionnelles majeures sous l’actuelle présidence.

« L’accord de coalition visait à donner à mon successeur un vrai pouvoir, malgré sa faible majorité, pour éviter des crises fatales à notre jeune démocratie », a déclaré l’ancien chef de l’État. Kabila, qui avait quitté le pouvoir après 18 années à la tête du pays, affirme que sa décision de soutenir une alliance avec Tshisekedi visait à assurer une transition pacifique et à garantir la stabilité des institutions.

Mais cette stabilité n’aurait été que de courte durée, selon lui. L’ancien président dénonce un « coup d’État institutionnel » en 2020, qui, selon ses mots, aurait renversé la majorité issue des élections de 2018. Il accuse l’actuel pouvoir d’avoir marginalisé sa famille politique, le Front Commun pour le Congo (FCC), au mépris des résultats électoraux.

Joseph Kabila a également pointé du doigt la Commission électorale nationale indépendante (CENI), qualifiant sa nomination d’« illégale » et remettant en question la transparence du processus électoral. « S’en sont suivis : une CENI illégalement nommée, des élections truquées en 2023 », a-t-il lancé, mettant ainsi en doute la légitimité des institutions actuelles.

Cette sortie publique intervient alors que le pouvoir en place envisage un projet de réforme constitutionnelle. Pour Kabila, ce projet menace directement « l’héritage de Sun City », en référence aux accords de paix qui avaient permis de mettre fin à la guerre civile au début des années 2000 et jeté les bases de la démocratie congolaise.

L’ancien président semble ainsi vouloir se repositionner comme garant de cet héritage démocratique, dénonçant ce qu’il considère comme une dérive autoritaire. Il n’a toutefois pas précisé s’il envisage un retour actif sur la scène politique, mais sa prise de parole sonne comme un signal fort à ses partisans.

CKK

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