L’ex-président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, est de nouveau au centre des critiques. Cette fois, c’est la jeunesse congolaise qui fait entendre sa voix par l’intermédiaire de Gédéon Kyana Ikengele, Coordonnateur national du mouvement des enfants policiers et militaires, dans une déclaration virulente publiée ce week-end.
« La jeunesse congolaise est la principale victime de vos compromis politiques : celui de Sun City en 2003, et celui, tout aussi nébuleux, de 2018 », a dénoncé Gédéon Kyana, en s’adressant directement à Joseph Kabila.
Pour le militant, ces arrangements politiques n’auraient abouti qu’à « recycler les mêmes visages, les mêmes méthodes, et les mêmes échecs ».
La critique vise en particulier ce qu’il appelle un «compromis à l’africaine», entente tacite entre élites politiques pour préserver la stabilité au prix de la représentativité et du renouveau. Gédéon Kyana estime que ces compromis ont marginalisé durablement les jeunes, relégués selon lui à une position de victimes d’un système verrouillé.
« Nous disons stop », clame-t-il. Il est temps dit-il que la jeunesse congolaise sorte de son statut d’observateur impuissant : « C’en est fini de cette posture de victime éternelle dans un cycle infernal, orchestré et entretenu par une oligarchie transgénérationnelle déconnectée des aspirations du peuple. »
Dans ce discours à tonalité militante, le Coordonnateur national accuse une partie de la classe politique de se maintenir au pouvoir à travers des calculs égoïstes, pendant que « notre avenir est bradé, notre dignité bafouée et notre pays livré à l’instabilité ». Une déclaration qui tranche avec le ton généralement réservé dans les milieux institutionnels.
Ce coup de gueule de Gédéon Kyana s’inscrit dans un contexte où de plus en plus de jeunes congolais revendiquent un rôle actif dans la vie politique et sociale du pays. Ces voix s’élèvent contre ce qu’ils considèrent comme une confiscation prolongée de l’avenir national par une génération politique en fin de cycle.
« La jeunesse s’éveille, s’organise et se tient désormais debout. Elle ne quémandera plus sa place », conclut Gédéon Kyana, visiblement déterminé à faire entendre une génération qui refuse l’amnésie et l’inertie. Un message fort qui vient raviver le débat sur l’alternance et le renouvellement des élites en RDC.
B.A