De retour à Kinshasa, le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, a tenu ce lundi 26 mai, un meeting improvisé devant le palais de justice. Dans un discours enflammé, il a publiquement refusé de répondre à la convocation du Procureur général près la Cour de cassation, qu’il accuse de partialité et de collusion avec le régime de l’ancien président Joseph Kabila.
« Comme ils se sont réunis entre mafieux et kabilistes pour m’humilier, le Dieu de mes ancêtres est plus fort », a lancé Constant Mutamba, dénonçant ce qu’il qualifie de cabale politique orchestrée contre lui. Dans une ambiance tendue, le garde des sceaux a multiplié les accusations contre les hauts magistrats, les qualifiant de « mafieux » et affirmant ne pas craindre les représailles judiciaires.
Le ministre a catégoriquement rejeté l’idée de se présenter devant le Procureur général. « Dites-lui que je ne vais jamais me présenter devant lui pour être auditionné. Qu’il vienne m’arrêter chez moi, mais ils devront d’abord arrêter tout le peuple congolais », a-t-il martelé sous les acclamations de ses partisans.
Constant Mutamba va plus loin en menaçant de révéler des dossiers compromettants sur plusieurs hauts responsables du système judiciaire. « J’attends le rapport que je lui ai demandé sur la gestion des fonds de tous les parquets du pays, et le rapport de la CENAREF et de l’IGF sur ses biens immobiliers », a-t-il déclaré, faisant allusion à de possibles détournements de fonds et pratiques clientélistes.
« Quelqu’un sous enquête ne peut pas lancer des poursuites contre le ministre de la justice », a poursuivi Mutamba, suggérant que le Procureur général lui-même devrait être l’objet d’investigations. Il estime que ces attaques judiciaires sont motivées par la volonté de nuire à sa personne et de faire taire les réformes qu’il souhaite engager dans le secteur judiciaire.
Ces déclarations explosives jettent une lumière crue sur les tensions internes qui minent le fonctionnement de la justice en République démocratique du Congo. Elles traduisent un profond malaise au sommet de l’appareil judiciaire, à un moment où le pays tente de renforcer l’État de droit.
Pendant ce temps, une procédure judiciaire visant à lever l’immunité parlementaire de Constant Mutamba est en cours devant l’Assemblée nationale. Cette étape cruciale pourrait permettre l’ouverture officielle de poursuites contre le ministre de la Justice, dans ce qui s’annonce comme une confrontation politique et judiciaire d’envergure.
CKK