Lors du traditionnel briefing gouvernemental tenu le mardi 3 juin, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, s’est exprimé fermement sur la situation sécuritaire dans l’Est du pays, particulièrement au Nord-Kivu. Il a notamment mis en garde les institutions financières tentées de collaborer avec les groupes armés rebelles qui sèment la terreur dans cette région.
«Aucune banque au monde ne peut accepter d’utiliser ou ouvrir ses portes aux rebelles… d’utiliser d’aucune manière les dollars américains», a déclaré Patrick Muyaya.
Il a également appelé les populations locales à dénoncer toute opération suspecte : « Et d’ailleurs, s’il y a des cas enregistrés, pour tous ceux qui sont des témoins dans les Nordkivu ou des opérations qu’ils commettraient, il faut les signaler parce que le FAC va les sanctionner ».
Revenant sur la fermeture de certaines agences bancaires dans les zones de conflit, le porte-parole a tenu à clarifier que ces décisions ne résultaient pas d’un choix politique, mais d’un impératif de sécurité : « Et les banques ne sont pas fermées du fait de notre volonté, mais du fait du fonctionnement du système et des conditions de sécurité, y compris pour les épargnants ».
M. Muyaya a ensuite dénoncé l’hypocrisie des groupes armés qui prétendent défendre les intérêts des populations alors qu’ils les terrorisent : « Alors, vous ne pouvez pas d’une part vouloir vous présenter comme ceux qui ont besoin de soulager la misère des populations et de les gouverner par crime au quotidien », a-t-il martelé, en évoquant « un climat de terreur » qui règne dans les zones occupées.
Face à cette situation, le gouvernement, sous l’impulsion du président Félix Tshisekedi, entend intensifier ses efforts pour ramener la paix : «Et c’est pourquoi le président de la République et nous tous, nous travaillons à donner un coup d’accélérateur à tous les processus qui sont en cours parce que cette situation doit vite s’arrêter».
Dans une allusion claire aux complices internes, il a lancé une mise en garde : « Les bouchées de Goma doivent à un moment donné se souvenir que l’histoire avait repéré les précédents bouchées et il y a eu les conséquences qui étaient celles-là », appelant à une vigilance collective : « Je rappelle la nécessité pour nous tous de rester mobilisés ».
Patrick Muyaya a également exprimé la solidarité du gouvernement envers les populations affectées par les violences : « La nécessité pour nous tous d’exprimer toujours ces sentiments de soutien et de solidarité aux populations qui sont affectées », a-t-il déclaré. Il a souligné que les briefings gouvernementaux commencent systématiquement par un point de situation sur les zones sous occupation.
Malgré les menaces et les pressions, les autorités s’efforcent d’acheminer l’aide humanitaire : « Même si ceux qui nous informent, les agents de certaines structures du ministère de la Santé, sont poursuivis parce qu’ils communiquent des informations, mais nous, nous continuons à nous assurer que les moyens parviennent par des circuits humanitaires ».
Muyaya a enfin, rappelé l’importance des rapports publiés par les ONG et les instances internationales : « Ces rapports des Human Rights Watch, comme le rapport d’Amnesty International, et comme il y a des témoignages multiples des journalistes et d’autres structures comme des ONG à Goma, doivent converger vers Genève pour la mission d’établissement de faits ». Il a conclu en annonçant une étape judiciaire imminente : « Pour le mois de septembre, normalement, nous aurons une commission d’enquête internationale qui sera en mesure de s’appuyer sur tous ces rapports pour établir les responsabilités de tous ceux qui commettent ces crimes ».
B.A