C’est une sortie médiatique qui a fait l’effet d’une bombe. Christian Bosembe, président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), s’est retrouvé au centre d’une controverse nationale après avoir interdit la couverture médiatique des activités de l’ancien président Joseph Kabila et du PPRD, parti suspendu par les autorités.
Dans une conférence de presse tenue ce jeudi 05 juin à Kinshasa, Bosembe a tenu à clarifier sa position.
« Il ne s’agit pas d’une interdiction de parler de Joseph Kabila. Il s’agit d’une interdiction de faire l’apologie d’un individu soupçonné de crimes graves contre la Nation », a déclaré Christian Bosembe.
Cette sortie intervient alors que Joseph Kabila est cité parmi les figures présumées derrière le soutien logistique et stratégique au mouvement rebelle M23/AFC. Sa présence remarquée à Goma alors même que cette ville est en proie à des attaques du M23 a relancé les soupçons. Et ce, dans un contexte où ses immunités de sénateur à vie ont été levées en mai dernier, ouvrant la voie à des poursuites pour haute trahison et participation à un mouvement insurrectionnel.
« Le peuple congolais ne peut pas être humilié deux fois : une première fois par les armes, une seconde fois par les médias », a martelé Bosembe, visiblement agacé par certaines émissions jugées complaisantes.
Médias pris en étau
Dans ce climat électrique, les journalistes se retrouvent dans une zone grise. Informer sans cautionner ? Citer sans glorifier ? Les lignes deviennent floues. Mais le président du CSAC se veut ferme.
« Nous n’interdisons pas le débat. Mais il ne saurait être question de normaliser ou de célébrer des figures qui pourraient répondre de crimes contre la République », a-t-il ajouté.
Selon lui, l’espace médiatique ne doit pas servir de plateforme de réhabilitation à des acteurs soupçonnés de graves atteintes à la sécurité nationale. « C’est une question de respect envers les victimes. Une question d’éthique républicaine.»
Entre liberté et responsabilité
Si certains observateurs dénoncent une forme de censure, d’autres y voient une ligne de conduite salutaire face à l’impunité médiatique. Dans tous les cas, cette déclaration marque un tournant.
Mais à retenir, la liberté d’expression n’est pas une licence pour travestir l’histoire ou maquiller la réalité. Elle doit s’exercer dans le respect de la vérité, de la mémoire collective et des institutions.
B.A