Dans une ambiance empreinte d’enthousiasme et de détermination, les militants et sympathisants de la plateforme LAMUKA se sont rassemblés ce samedi à Kinshasa pour une matinée politique de restitution, organisée à la suite de la rencontre tenue entre Martin Fayulu, figure de proue de l’opposition congolaise, et Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo.
La réunion, fortement médiatisée, a été marquée par une déclaration retentissante de Prince Epenge, porte-parole de LAMUKA.
« On a dit à Tshilombo : il faut organiser le dialogue maintenant. Et notre objectif a été atteint », a déclaré Prince Epenge.
Cette affirmation, accueillie par une salve d’applaudissements, traduit l’optimisme stratégique du camp Fayulu qui voit dans cette entrevue une ouverture politique majeure susceptible de débloquer la crise institutionnelle et électorale que traverse la RDC.
Une restitution stratégique pour mobiliser la base
La matinée politique de ce samedi juin visait non seulement à informer les militants de la teneur de la rencontre entre les deux hommes politiques, mais aussi à remobiliser les bases autour des revendications historiques de LAMUKA : la vérité des urnes, des réformes électorales profondes, la restauration de la souveraineté du peuple, et l’instauration d’un dialogue politique inclusif et structuré.
« Le peuple congolais mérite plus que des promesses. Il mérite un contrat social nouveau, basé sur la justice, la vérité et l’équité. Cette rencontre marque un tournant que nous devons consolider par la vigilance et l’unité », a ajouté Prince Epenge.
Même si le contenu précis des échanges entre Martin Fayulu et Félix Tshisekedi n’a pas été officiellement rendu public, des sources proches des deux camps évoquent une discussion franche sur la nécessité de réformes politiques, la révision du fichier électoral, le rôle de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), et les conditions d’organisation des prochaines élections.
LAMUKA estime que l’ouverture d’un dialogue politique devient inévitable si le régime en place veut éviter une escalade des tensions sociales et politiques dans les mois à venir.
Un appel à la vigilance et à la mobilisation citoyenne
Dans son message, le porte-parole de LAMUKA a également appelé les Congolais à rester mobilisés, affirmant que la rencontre entre Fayulu et Tshisekedi n’est que la première étape d’un processus qui doit être porté et encadré par les forces vives de la nation.
« Nous voulons un dialogue sincère, avec toutes les forces politiques et sociales du pays, pas un arrangement entre élites. Ce pays a trop souffert des compromis de couloirs. Il est temps de construire un cadre de dialogue transparent, pour le peuple et avec le peuple », a-t-il martelé.

Un test pour Tshisekedi
Cette rencontre intervient dans un contexte marqué par des critiques croissantes sur la gouvernance de Félix Tshisekedi, notamment sur les questions de sécurité à l’Est, la corruption, et les droits humains. Pour de nombreux observateurs, cette ouverture envers Fayulu pourrait être un signe de faiblesse, ou au contraire, une tentative d’élargir sa base politique en vue de son agenda de réformes.
Mais pour LAMUKA, l’essentiel n’est pas dans les intentions supposées du pouvoir, mais dans la capacité de l’opposition à imposer une dynamique de dialogue national, à la fois inclusive, souveraine et porteuse d’alternatives concrètes.
La base de LAMUKA jubile, mais reste lucide. La rencontre entre Martin Fayulu et Félix Tshisekedi pourrait ouvrir une brèche dans le mur de méfiance qui sépare les camps politiques depuis les élections contestées de 2018. Mais pour que cette ouverture débouche sur un véritable processus de refondation démocratique, il faudra plus que des rencontres bilatérales : il faudra un engagement populaire massif, un cadre clair et une volonté sincère de construire l’avenir du Congo sur des bases nouvelles.
B.A