Le Vice-Premier ministre en charge des Transports, Jean-Pierre Bemba, a levé le voile sur plusieurs enjeux liés à la gestion des infrastructures aéroportuaires et à la réputation internationale du secteur aérien congolais. Invité le lundi 9 juin 2025 sur les ondes de Top Congo FM, dans l’émission Face à Face, il a abordé les polémiques autour du prêt de 50 millions de dollars, l’usage des fonds du Go-pas, et la situation des compagnies congolaises vis-à-vis de l’Union européenne.
« Avant que j’arrive, il y a eu un prêt important de plus de 50 millions de dollars, soi-disant pour réfectionner cette piste de N’djili. Avant que j’arrive, je vous dis bien, c’était en 2016. Et ce qui s’est passé, c’est que maintenant, l’argent du Gopax, entre autres, sert également à rembourser ce financement », a-t-il expliqué, soulignant que ce financement avait été obtenu par la Banque Africaine de Développement (BAD), responsable de l’organisation des travaux.
Face à une question sur la transparence du projet, Jean-Pierre Bemba a tenu à préciser : « Ce qui s’est passé, c’est que des appels d’offres ont eu lieu. Je vous répète, je n’étais pas là. Je trouve que c’était énorme comme montant qui a été demandé. Il y a eu des travaux, mais… Pas de l’ordre de l’argent emprunté ? »
Il a reconnu que le pays continue de payer pour des « raisons inconnues » et a rapidement réagi en imposant des mesures de contrôle plus strictes. « Ce que j’ai fait immédiatement, c’est d’assurer un meilleur contrôle au niveau des GO-PAS. »
La transparence est désormais un mot d’ordre, selon lui. « Ça veut dire que tout ça est logé maintenant dans un compte qui est transparent et qui peut être audité à tout moment. Et la sortie de ces fonds doit avoir en tout cas l’autorisation. Toutes les demandes qui sont faites par l’Airveillat pour utiliser ces fonds-là ne sont uniquement que pour les équipements des aéroports et les installations, je veux dire, de navigation pour différents aéroports. »
Abordant le rôle des compagnies étrangères en RDC, Bemba a souligné : « Lufthansa, Turkish, Kenya Airways, les compagnies internationales font beaucoup d’argent en République démocratique du Congo, une destination qui rapporte des sous. Le gouvernement se plaint de ne pas avoir des sous. Mais le gouvernement ne peut pas rentrer dans cette niche. Pourquoi ? »
Il rappelle que plusieurs compagnies nationales ont tenté leur chance sans succès : « Je rappelle qu’à un moment donné, il y avait Erzaïr, il y a eu LAC, il y a eu Ewa Bora, il y a même eu vous. Cyberlift, pourquoi vous, aujourd’hui à la tête du ministère des Transports, n’organisez-vous pas la RDC pour que privé comme public, on soit toujours sur une liste noire et on ne puisse pas aller directement en Europe ? »
À cette question, il a répondu en insistant sur les normes internationales de sécurité : « Non. La liste noire, effectivement, est tout un processus. On vient de loin, ce n’est pas le seul pays en Afrique qui est sur la liste noire. C’est-à-dire que ça requiert certaines normes de sécurité au niveau de nos aéroports. »
Des efforts sont en cours pour répondre à ces exigences. « Le nouvel aéroport de Kinshasa, Luano, va répondre justement à l’accroissement aussi de ce niveau de sécurité. Mais en tout cas, l’Air Véa est en train d’acquérir et des équipements sont déjà arrivés au niveau du contrôle, surtout des passagers, du fret », a-t-il assuré.
Sur la différence de traitement entre compagnies congolaises et étrangères, il explique : « Non, mais simplement parce que ce sont les normes au niveau international qui ont été mises en place et que nous avons simplement respectées. Je crois que c’est dans l’intérêt des passagers aussi de faire en sorte qu’ils voyagent en sécurité avec des avions qui sont sécurisés aussi. »
Concernant les équipements de contrôle nécessaires à la certification, il détaille : « Le prochain contrôle devait intervenir au mois de mars. Nous avons demandé de postposer parce que c’est du matériel que nous attendons également. Dès que c’est arrivé, c’est installé, c’est là qu’on va demander alors aux experts de pouvoir venir, de pouvoir maintenant faire l’évaluation. »
Il évoque également les opérations de calibrage reportées en raison de la situation sécuritaire : « Ce sont des équipements qui sont à l’intérieur de ces avions spéciaux et qui devaient se faire au mois de décembre. Mais malheureusement, avec les événements qui devaient être connus au niveau de Goma… on a mis un notam sur Goma que plus d’avions ne peuvent atterrir parce que ça a été pris par les terroristes. »
Enfin, Jean-Pierre Bemba reste optimiste quant à la sortie de la RDC de la liste noire : « Une fois que tout ce calibrage, ces certifications ont lieu… Oui, cette année-ci, si c’est possible… Nous faisons tout pour ça. Il nous reste encore six mois et nous inviterons, je veux dire, ces experts pour pouvoir faire la certification là-dessus. Mais nous allons de toute manière voler. »
B.A