Lors de la plénière tenue le samedi 14 juin à l’Assemblée nationale, le député Tobie Kayumbi Kongolo a interpellé le Directeur général de la REGIDESO, David Tshilumba Mutombo, au sujet des failles persistantes dans la desserte en eau potable à travers la République démocratique du Congo. Cette question orale avec débat a mis en lumière les nombreuses difficultés rencontrées dans plusieurs provinces, notamment Kinshasa, le Kasaï-Oriental, le Kasaï-Central, Bukavu, Butembo, Inongo, Kabalo ou encore Kasongo.
Face à cette interpellation, le DG de la REGIDESO a révélé que la société souffre depuis des décennies d’un désengagement progressif de l’État. Selon David Tshilumba, la REGIDESO ne perçoit plus de subventions ni de dons pour les produits chimiques depuis les pillages de 1991 et 1992. Pire encore, la consommation de l’eau par les institutions publiques représenterait aujourd’hui près de 40 % du chiffre d’affaires de la société, sans que ces dernières ne s’acquittent de leurs factures.
Estimée à 6 millions de dollars par mois, la consommation d’eau de l’État reste impayée, malgré les engagements du gouvernement, a poursuivi le patron de la REGIDESO. « Ce sont les pauvres et la classe moyenne qui financent ceux qui peuvent pourtant payer. Il est temps d’imposer un tarif équitable et de recouvrer les créances publiques », a martelé David Tshilumba sous les applaudissements d’une partie de l’hémicycle.
Vital Kamerhe, président de la Chambre basse, a soutenu l’initiative du député Tobie Kayumbi, appelant toutes les institutions, y compris la sienne, à donner l’exemple. Il a plaidé pour une prise en charge équitable des besoins essentiels tels que l’eau, considérée comme un droit fondamental devant bénéficier à tous les Congolais, peu importe leur province ou statut social.
Le débat qui s’en est suivi a été particulièrement animé. Plusieurs députés ont soulevé des questions de fond : qualité de l’eau, vétusté des infrastructures, non-paiement des agents dans certaines zones, pollution des rivières par les entreprises minières, mais aussi transparence dans l’utilisation des fonds reçus de la part des partenaires extérieurs.
Pour répondre de manière détaillée à toutes les préoccupations soulevées, l’Assemblée nationale a accordé un délai de 48 heures au DG de la REGIDESO. Ce dernier devra revenir avec des réponses concrètes et des propositions réalistes, notamment sur la mobilisation des recettes internes, les mesures contre les raccordements clandestins, ainsi que la desserte dans les zones marginalisées.
CKK