L’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG) traverse une phase très critique ce dernier temps. Pendant que la région de Goma est l’une des plus exposées au risque volcanique en Afrique centrale, l’institution chargée de surveiller les volcans actifs est en train de sombrer dans une crise financière et logistique.
Selon plusieurs sources internes, carburant, logistique, missions techniques, primes de terrain; tous ces éléments essentiels au fonctionnement de l’OVG sont actuellement inexistants, pourtant, la ville de Goma et ses environs abritent près de deux millions d’habitants, vivant sous la menace permanente du Nyiragongo et du Nyamulagira, deux des volcans les plus actifs du continent.
« Nous avons des stations qui fonctionnent, mais sans moyens pour faire les descentes de terrain. Nos observations restent limitées. C’est une menace pour la sécurité de la population « , alerte le professeur Georges Mavonga, Directeur de l’OVG.
D’après les dernières analyses, le volcan Nyamulagira, situé au nord du parc national des Virunga, est actif mais ne représente pas une menace immédiate. Toutefois, la moindre défaillance dans la chaîne de surveillance pourrait être dramatique, notamment en cas de réveil soudain ou de changement brutal dans le comportement éruptif.
Malgré que huit stations sismiques restent opérationnelles, le manque de fonds empêche les équipes de terrain de se rendre sur le terrain pour effectuer des observations visuelles. Ces missions, bien que techniques, sont souvent décisives pour confirmer ou infirmer une alerte émise par les instruments.
Dans un contexte aussi instable, la fiabilité du système d’alerte précoce est en jeu. L’expérience du drame de 2021, lorsque le Nyiragongo est entré en éruption sans signe précurseur évident, reste gravée dans les mémoires. Faute de moyens, les scientifiques craignent de ne plus pouvoir jouer leur rôle de vigie.
« La prévention repose aussi sur le travail de proximité. Sans terrain, nous courons le risque de passer à côté d’un signal important », renchérit le directeur de L’OVG.
Face à cette situation, l’absence de réaction du gouvernement central et des bailleurs de fonds inquiète. Alors que les risques sont bien connus et documentés, les budgets alloués à l’OVG ne suffisent pas, mettant en péril la sécurité de millions de citoyens.
Plusieurs observateurs estiment qu’un renforcement immédiat des capacités techniques et financières de l’OVG est indispensable, sous peine de revivre une catastrophe évitable.
Dans une ville où le volcan fait partie du quotidien, la pénurie de moyens à l’OVG plonge les habitants dans un sentiment d’insécurité silencieuse. Les experts tirent la sonnette d’alarme, mais leurs appels restent trop souvent ignorés.
Kanoba Obadias