Dans un communiqué percutant publié ce mardi 17 juin, la plateforme CASMIA-G ASBL monte au créneau et appelle le gouvernement congolais à une exécution immédiate des instructions du Président Félix Tshisekedi, formulées lors du 47e Conseil des ministres délocalisé à Kolwezi, pour sortir le secteur minier artisanal du gouffre.
Saluant le constat sans complaisance dressé par le Chef de l’État sur les dérives de l’exploitation artisanale des minerais, la plateforme dénonce l’inaction prolongée des autorités, pourtant régulièrement alertées par la société civile et les partenaires du secteur.
« L’exploitation minière artisanale est gangrenée par des pratiques alarmantes dans le Haut-Katanga, le Lualaba, le Haut-Lomami, le Tanganyika et l’Est du pays. Faute de mesures urgentes, la situation ne peut que se détériorer davantage », prévient CASMIA-G.
L’organisation dénonce une situation d’anarchie tolérée, voire encouragée, dans laquelle des services de l’État installent des bureaux dans des concessions industrielles envahies pour y percevoir des taxes illicites. Des cas précis sont cités, notamment les groupes ERG, Glencore et CMOC, dont les sites sont depuis des années le théâtre d’une exploitation illégale sous l’œil impassible ou complice des autorités.
« Des minerais sont extraits, transportés et vendus en plein jour avec des documents délivrés par les services publics eux-mêmes. C’est un sabotage institutionnalisé », fustige le communiqué.
CASMIA-G exhorte le gouvernement à appliquer l’article 30 point E du Code minier, qui prévoit la possibilité d’une cohabitation entre exploitants artisanaux et industriels. Pour la plateforme, il est temps de valider les sites occupés de fait depuis des années par les coopératives artisanales, notamment ceux déjà considérés comme « modèles » par les autorités.
EGC : un projet ambitieux paralysé
Le communiqué revient aussi sur l’Entreprise Générale du Cobalt (EGC), censée structurer le sous-secteur du cobalt artisanal, mais qui n’a toujours pas exporté un seul kilogramme, six ans après sa création. CASMIA-G y voit le résultat d’un manque criant de volonté politique.
Un secteur miné par la corruption et les abus
Le tableau dressé est sombre : corruption à grande échelle, truquage des balances, minorisation des teneurs, multiplicité de taxes, et présence abusive des forces de l’ordre et des partis politiques sur les sites. Autant de fléaux qui étouffent les exploitants et faussent le marché.
Ben AKILI