Dans un pays où les stades tombent en ruines, les championnats nationaux sont en hibernation et les talents fuient vers d’autres cieux faute de moyens, le gouvernement congolais a fait un choix qui sidère : sponsoriser l’AS Monaco, club européen de Ligue 1 française, à hauteur de 1,6 million de dollars par saison. Une décision qui choque et indigne les amoureux du ballon rond congolais.
« Comment peut-on, en pleine crise du football local, injecter une telle manne financière dans un club qui ne représente ni notre histoire, ni nos couleurs, ni nos ambitions nationales ? », s’interroge un Analyste sportif sous anonymat.
Pendant que les clubs congolais se débattent pour survivre, que la Linafoot est régulièrement suspendue faute de financement, que les jeunes joueurs évoluent sans salaire ni structure, le gouvernement congolais offre un cadeau royal à un club déjà nanti.
Le football congolais : abandonné par ses propres dirigeants
L’AS Vita Club peine à honorer ses engagements. Le TP Mazembe, malgré sa stature continentale, souffre d’un championnat inexistant. Des clubs emblématiques comme DCMP ou Lupopo ne sont que l’ombre d’eux-mêmes. Pendant ce temps, les pelouses de Kinshasa, Lubumbashi ou Goma se dégradent, les encadreurs bénévoles tirent le diable par la queue, et les enfants rêvant de devenir les prochains Mbemba ou Bakambu n’ont que des ballons crevés pour s’entraîner.
Quel est donc le message que ce sponsoring envoie à la jeunesse congolaise ? Que pour être soutenu par son propre pays, il faut porter un maillot européen ? Que les priorités nationales sont désormais externalisées ?
Un choix politique ou un non-sens patriotique ?
Le gouvernement justifie ce choix par une stratégie de « diplomatie sportive » et de « visibilité internationale ». Mais à quel prix ? Et pour quelle retombée concrète pour la RDC ? Qu’aurait-on pu faire avec ces 1,6 million USD dans nos championnats locaux, dans la formation des jeunes, dans la réhabilitation des infrastructures ?
Il ne s’agit pas ici de nier l’importance de l’ouverture internationale. Mais une nation qui ne prend pas soin de ses propres fondations sportives ne peut pas prétendre rayonner ailleurs. On ne peut exporter ce qu’on ne cultive pas.
L’heure de la redevabilité a sonné
Le peuple congolais mérite des explications. Les sportifs et dirigeants locaux, eux, attendent plus qu’un partenariat d’image : ils veulent des actes, des budgets, des réformes. Ce sponsoring à l’étranger ne peut pas être une priorité pendant que le football congolais se meurt à petit feu. C’est à Matete, à Kananga, à Kisangani, que le futur du football congolais se joue. Pas à Monaco.