Malgré un climat de violence persistante, plus de 100 000 enfants âgés de 6 à 59 mois ont été vaccinés contre la rougeole dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu. Une performance remarquable que l’on doit à la campagne menée depuis début juin par Médecins Sans Frontières (MSF), en collaboration avec le ministère congolais de la Santé.
La rougeole continue de faire des ravages en République démocratique du Congo, où les épidémies récurrentes sont exacerbées par la faiblesse de la couverture vaccinale et une instabilité sécuritaire chronique. Depuis janvier 2025, le pays a enregistré plus de 27 000 cas, dont un cinquième dans la seule province du Nord-Kivu.
À Masisi, plus de 1 000 cas et au moins quatre décès ont été rapportés cette année, bien que les chiffres réels soient vraisemblablement plus élevés. MSF y a déjà pris en charge 1 158 patients, dont 238 ont été hospitalisés à l’hôpital général de référence, régulièrement pris pour cible lors des affrontements entre le M23/AFC, les FARDC et les milices Wazalendo. Deux agents de MSF ont même perdu la vie en service.
Au-delà des piqûres, la campagne a aussi été un bouclier contre la malnutrition, en forte hausse dans cette région marquée par les déplacements massifs de populations fuyant les combats.
Pour contourner l’insécurité, MSF a dû redoubler d’ingéniosité : chaîne du froid, formations intensives des vaccinateurs, sensibilisation dans les villages reculés, parfois à pied ou à moto.
Si un taux de couverture vaccinale de 95 % est requis pour stopper la transmission, de nombreux enfants restent encore inaccessibles, prisonniers des zones rouges ou oubliés dans les replis des collines.
En 2024, MSF avait déjà vacciné plus de 1,2 million d’enfants à travers la RDC et soigné près de 30 000 cas de rougeole. Mais à Masisi, chaque seringue est une victoire contre l’oubli, et chaque enfant vacciné, une vie potentiellement sauvée.
Kanoba Obadias