Dans une démarche empreinte de lucidité et de patriotisme, les doyens de la Société Civile du Sud-Kivu ont présenté, mercredi 18 juin à Kinshasa, une note de plaidoyer adressée au gouvernement des États-Unis d’Amérique. Intitulé « La République Démocratique du Congo, avenir de la région des Grands Lacs africains : prospectives d’une paix durable et mutuellement bénéfique à l’horizon 2040 », ce document soulève un débat crucial autour de l’Accord Minerais-Sécurité signé récemment entre Kinshasa et Washington.
Le plaidoyer s’articule autour d’une double ambition : garantir une exploitation équitable des ressources naturelles et établir une paix durable dans la région des Grands Lacs. Pour les auteurs, la RDC, souvent présentée comme un « scandale géologique », ne peut plus demeurer un « scandale stratégique » dont les populations sont les grandes perdantes.
Une alerte sur les dérives possibles
La Société Civile du Sud-Kivu alerte sur les risques de perpétuation d’une économie prédatrice sous couvert de sécurité. Elle insiste sur la nécessité d’un partenariat fondé sur la transparence, la redevabilité et le développement local, au-delà des simples impératifs sécuritaires qui semblent dominer l’esprit de l’accord actuel.
« Il n’y aura jamais de paix sans justice économique. Et il n’y aura pas de stabilité dans la région tant que la RDC sera traitée comme une réserve minière sans droits », a déclaré un des doyens, en appelant à une révision concertée des mécanismes d’application de l’accord.
Washington interpellé sur sa responsabilité morale
La note exhorte les États-Unis à faire preuve d’un leadership éthique, en soutenant des mécanismes de contrôle rigoureux, une traçabilité effective des minerais et un investissement réel dans le tissu social congolais, notamment à travers des programmes éducatifs, sanitaires et agricoles.
Les doyens de la Société Civile soulignent que la stabilité du Congo est une condition sine qua non de la sécurité dans toute la région des Grands Lacs. Ils rappellent que les conflits à l’est du pays sont, pour une large part, alimentés par les intérêts autour de l’exploitation minière illégale et la présence de groupes armés transfrontaliers.
Horizon 2040 : vision ou illusion ?
Projetant leur réflexion vers 2040, les signataires appellent à un pacte global de paix et de prospérité partagée, basé sur un engagement réel des puissances partenaires à soutenir les institutions congolaises, la réforme du secteur sécuritaire, et la gouvernance minière.
Ils lancent un appel solennel à la communauté internationale pour que le peuple congolais cesse d’être une variable d’ajustement dans les calculs géostratégiques, mais plutôt un acteur central de son propre destin.
Ben AKILI