Dans cette nouvelle tribune, l’Universitaire ivoirien Rémi Kouamé Oussou mène une réflexion approfondie sur l’insertion socioprofessionnelle des jeunes africains, les étudiants notamment. Il passe au crible de la critique constructive l’option ventilée par les gouvernants et décideurs du continent et qui a actuellement le vent en poupe: l’entrepreneuriat
Dans leur tentative de lutter contre le chômage massif et le sous-emploi des diplômés, l’entrepreneuriat est devenu le cheval de bataille de la plupart des gouvernements africains. A cet effet, moult initiatives sont mises en route tout azimut afin d’en faire la promotion; ce qui est, d’ailleurs, de bonne guerre d’autant que ce qu’il est convenu d’appeler l’entrepreneuriat des jeunes est non seulement un puissant «…levier pour dynamiser l’économie nationale et créer des emplois, mais contribue également à répondre aux défis du développement durable et inclusif qui se posent aujourd’hui ».
Pour autant, il se pose une question cruciale: comment prépare-t-on cette jeunesse à devenir son propre patron?
Le terme entrepreneuriat est généralement défini comme la fonction ou l’activité de l’entrepreneur. Il recouvre les activités qui concourent à la formation et la croissance d’une entreprise, dont la conséquence première est la création de valeur.
Dans le domaine des affaires, le vocable désigne « la création d’une activité économique dans le but de répondre à un besoin ou d’atteindre un objectif spécifique ».
L’entrepreneuriat serait donc l’action d’entreprendre et de développer un projet en vue de faire du profit.
Sous ce rapport, l’entrepreneur est « preneur » de toute opportunité pour faire fructifier ses affaires. Il n’est pas surprenant que l’économiste américain Schumpeter, le père de la destruction créatrice et l’innovation, l’ait assimilé à un «véritable révolutionnaire du capitalisme, …celui qui dynamise l’économie capitaliste en prenant la responsabilité d’innover pour rompre avec la routine du marché ».
Toutefois, ne réussit pas à se mettre à son propre compte qui veut. Non pas que quiconque ne puisse pas mettre en place une activité afin de réaliser des profits, mais pour être un véritable entrepreneur, au-delà des capacités techniques comme la gestion et la prise de décision, il faut démontrer un certain nombre de qualités comme la détermination, la témérité, la hardiesse, la patience, la passion, la créativité, l’innovation, le courage, l’organisation, l’ouverture d’esprit, être prêt à faire d’énormes sacrifices et ne pas craindre l’échec, etc.
Au reste, je dirais qu’il y a pas mal de jeunes diplômés africains qui, faute de mieux, réussissent à développer leurs propres activités d’auto-emploi, mais à la différence de l’entrepreneur qui est mû par une vision et une stratégie de croissance, ceux-là se contentent de gérer leur activité au jour le jour, ce qui est aux antipodes de l’esprit d’entreprise.
Alors, étant donné qu’une des caractéristiques essentielles de l’entrepreneuriat est une vocation et qu’il ne peut être imposé ni dicté, mais suscité et suggéré, il s’agira, pour les pouvoirs publics, d’aider à développer cet esprit d’entreprise, en amont, chez les jeunes à travers des activités ciblées à l’exemple du volontariat, du bénévolat, des visites d’entreprise, des contacts avec des entrepreneurs qui ont réussi en vue de susciter des vocations inspirantes, etc.
En outre, et c’est de loin le facteur le plus important, il faut travailler à instiller chez les jeunes les valeurs fondamentales qui caractérisent l’entrepreneur si on voudrait faire d’eux de futurs bons entrepreneurs.
Enfin, il faut les former car n’ayant pas la science infuse même s’ils ont la vocation, afin de leur faire acquérir et développer les capacités et les aptitudes nécessaires telles que « la confiance en soi, la persévérance, l’autonomisation, la capacité à relever des enjeux sociétaux, la créativité, la découverte et l’exploitation d’opportunités, ou encore l’intention entrepreneuriale ». (www.internationalconsulting-ci.com)
Rémi Kouamé Oussou
Enseignant-chercheur à l’Univerdité Alassane Ouattara-Bouaké et Doyen de l’Université internationale Clairefontaine- Abidjan (Côte d’Ivoire)
Expert en développement professionnel des étudiants
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