La décision du Sénat congolais de lever les immunités du Sénateur à vie et ancien président de la République Joseph Kabila continue de susciter des réactions dans la classe politique. Parmi les voix discordantes, celle de Prince Epenge, président du parti Addcongo et porte-parole de la coalition Lamuka, se fait entendre avec insistance. L’opposant politique met en garde contre une démarche qu’il qualifie de précipitée et potentiellement dangereuse pour la stabilité nationale.
Pour Epenge, cette levée d’immunité judiciaire n’apporte pas de réponse concrète aux problèmes que traverse actuellement la République démocratique du Congo. Il appelle plutôt à un dialogue national, qui, selon lui, serait un levier de cohésion et non une source de tension.
« La levée des immunités de Joseph Kabila est une erreur. On pourrait penser que Kabila récolte ce qu’il a semé, mais dans ce contexte de trouble, nous préférons le dialogue à la confrontation », a-t-il affirmé lors d’un entretien téléphonique avec Surveillance.cd, ce vendredi 23 mai 2025.
Prince Epenge déplore ce qu’il considère comme un manque de vision stratégique dans la gestion de cette situation par les autorités actuelles. Il s’insurge notamment contre l’absence de considération pour les conséquences sociales et politiques que cette décision pourrait engendrer.
« Cette décision n’a pas tenu compte des conséquences qui peuvent en découler et c’est le peuple qui va en souffrir », a-t-il mis en garde.
Revenant sur des précédents historiques, l’opposant évoque le rôle qu’avait joué Léon Kengo Wa Dondo dans la stabilisation du régime Mobutu à une époque critique, contrastant cela avec l’attitude du Premier ministre actuel.
« Kengo Wa Dondo avait sauvé l’ancien régime avec un mot, Sama Lukonde vient, par manque de courage, enfoncer le pays dans l’incertitude. Pensons au peuple », a-t-il martelé.
Selon Prince Epenge, une telle initiative judiciaire contre un ancien chef de l’État, dans un climat aussi tendu, risque de fracturer davantage le tissu social et de réveiller des antagonismes profonds. Il estime qu’en ces temps de grande précarité sociale, la priorité devrait être à l’unité nationale et non aux règlements de comptes.
Pour rappel, le Sénat congolais a levé, le jeudi 22 mai, les immunités parlementaires de Joseph Kabila, ouvrant la voie à d’éventuelles poursuites par la justice militaire. Jusqu’à présent, le camp Kabila n’a pas encore réagi officiellement à cette décision.
CKK