Autrefois lieu de recueillement et de respect, le cimetière Taba Congo, niché dans la commune de Kampemba, n’est aujourd’hui plus que l’ombre de lui-même. À l’abandon total, il s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’oubli et l’indifférence, au grand désespoir des habitants et des familles qui y ont enterré leurs proches.
Dès l’entrée, l’atmosphère est lourde. Le silence n’a plus rien de sacré ; il est pesant, presque oppressant. La végétation a repris ses droits, étouffant les allées autrefois entretenues. Les tombes sont envahies par les hautes herbes, les plaques funéraires arrachées, brisées, parfois même inexistantes. Le sol sacré est jonché de déchets : sacs plastiques, vêtements en lambeaux, carcasses d’électroménagers… Bref, un spectacle indigne, profondément choquant.
« C’est un manque total de respect pour nos morts », s’indigne un habitant du quartier, avant de poursuivre « Ce lieu devrait être sacré. Aujourd’hui, il est devenu un véritable dépotoir à ciel ouvert. »

La population pointe du doigt le double fléau de l’abandon des autorités locales et de l’incivisme croissant des riverains. Sans clôture ni gardien, le cimetière est devenu une zone de non-droit, un véritable dépotoir à ciel ouvert.
« Il n’y a ni gardien ni entretien. Quand la mairie passe, c’est juste pour couper deux ou trois herbes. Le reste, on n’en parle pas », déplore une vieille dame ayant requis l’anonymat.
Des voix commencent à s’élever. Des associations locales tirent la sonnette d’alarme et exigent une réhabilitation rapide du site, l’installation de clôtures de sécurité, la présence permanente de gardiens, ainsi qu’une vaste campagne de sensibilisation pour redonner au cimetière Taba Congo, la dignité qui lui revient.

Le cimetière Taba Congo n’est pas qu’un lieu de repos : il est un pan de la mémoire collective de Lubumbashi. Son état actuel interpelle. Il est temps de cesser de détourner le regard et d’agir.
Car si les morts se taisent, leur silence, lui, crie justice.
Pamela Mbinga