Un pas décisif vient d’être franchi dans l’affaire qui secoue le sommet du ministère de la Justice. Ce dimanche 15 juin, les députés nationaux ont autorisé des poursuites judiciaires contre le ministre d’État Constant Mutamba. L’homme fort du gouvernement Suminwa est visé pour le détournement présumé de 19 millions de dollars alloués à la construction d’une prison à Kisangani.
La décision de l’Assemblée nationale s’appuie sur les conclusions d’un rapport accablant de la commission spéciale parlementaire, chargé d’examiner le réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde. Ce dernier dénonce une gestion opaque du projet pénitentiaire, marquée par une absence totale de supervision du prestataire Zion Construction, qui a perçu les fonds sans que le moindre début de travaux ne soit constaté.
Selon les éléments recueillis par le parquet, le chantier de Kisangani n’existe que sur papier. La société bénéficiaire du marché est aujourd’hui introuvable, et ses représentants sont activement recherchés par la justice. Les faits pointent vers un possible détournement de fonds publics facilité par un laxisme administratif au sein du ministère de la Justice.
Face à la menace judiciaire, Constant Mutamba choisit l’offensive. Dans une correspondance datée du 10 juin, il récuse le procureur général Firmin Mvonde et tous les magistrats de son office, invoquant un « manque d’impartialité manifeste ». Il s’appuie sur l’article 59 de la loi sur l’organisation judiciaire pour contester la procédure, annonçant ainsi une bataille judiciaire sur fond de tensions institutionnelles.
CKK