C’est avec une profonde amertume que le ministre de la Justice, Me Constant Mutamba, a remis ce mercredi sa démission au Président de la République. Un acte lourd de sens, qu’il justifie par ce qu’il qualifie de « complot politique » orchestré pour freiner son élan réformateur.
« Je vous remets ce jour, non sans regret, ma démission pour faire face à ce complot politique », écrit l’ancien ministre d’État en charge de la justice, dans une lettre ouverte au Chef de l’État.
Dans un ton grave, Mutamba affirme n’avoir jamais failli à ses principes ni profité du pouvoir à des fins personnelles.
« Je n’ai jamais compromis mes valeurs, et je ne le ferai pas. Je n’ai pris aucun dollar de l’État », insiste-t-il.
Durant son bref passage à la tête du ministère, Constant Mutamba dit avoir « accompli, tant soit peu, [son] devoir », notamment à travers des réformes courageuses dans un secteur gangrené par les antivaleurs. Mais derrière cette façade de progrès, l’homme affirme avoir été la cible d’un acharnement dangereux.
« Après avoir survécu à plusieurs tentatives d’empoisonnement et d’élimination physique, les réseaux mafieux y compris ceux infiltrés au service de nos ennemis – ont finalement réussi à m’humilier », confie-t-il.
Le juriste pointe un doigt accusateur vers des forces obscures, qu’il relie à des intérêts étrangers :
« Ce complot politique, visiblement conçu à Kigali et exécuté par certains de nos compatriotes, vise à freiner cet élan de réformes et de patriotisme. »
Une déclaration explosive qui fait écho à la tension diplomatique persistante entre Kinshasa et Kigali, dans un contexte où la guerre contre les rebelles du M23 et leurs soutiens présumés alimente toutes les crispations.
Malgré sa sortie du gouvernement, Constant Mutamba ne compte pas renoncer à ses convictions. Il promet de poursuivre, coûte que coûte, le combat pour une justice équitable, débarrassée des manipulations politiques.
« Je ne renoncerai pas au combat pour une justice juste et équitable pour tous […]. Je vous promets également de ne pas abandonner le combat contre les envahisseurs. »
Cette démission fracassante laisse planer un vent de malaise au sein de l’exécutif. S’agit-il d’un simple départ ou du début d’une série de révélations sur les luttes de pouvoir internes ? Une chose est sûre : le départ de Constant Mutamba rebat les cartes dans le jeu politique congolais.