La République démocratique du Congo traverse une ère politique où les frontières entre foi et gestion publique semblent de plus en plus floues. Au centre de cette controverse : l’Église Philadelphie, conduite par le très influent pasteur Roland Dalo. Selon des informations concordantes, plusieurs nominations récentes dans les institutions publiques révèlent une infiltration préoccupante des membres de cette communauté religieuse dans les rouages de l’État.
Une série de nominations suspectes
Dans le sillage des ordonnances présidentielles récentes, la toile s’enflamme. Des observateurs dénoncent une mainmise systématique de l’Église Philadelphie sur les postes stratégiques. La liste est éloquente :
- Cabinet du Chef de l’État : un pasteur de Philadelphie nommé conseiller ;
- Journal Officiel et ANAPI : deux Directeurs Généraux identifiés comme fidèles de Philadelphie ;
- Réserve Stratégique Générale : dirigée également par un pasteur affilié à cette église ;
- IGF : nominations d’inspecteurs proches du directeur de cabinet Nkinzo, tous issus de la même communauté ;
- Conseil d’administration de l’ANAPI et du FPI : présence renforcée de plusieurs évangélistes ou « frères » de l’église ;
- CADECO : un DG proche de Philadelphie, ancien cadre de la banque Equity BCDC.
Un réseau bien ficelé qui interroge sur la neutralité des critères de compétence au sein de l’administration publique.
L’ombre du pasteur Roland Dalo
Charismatique, influent, mais désormais critiqué, le pasteur Roland Dalo est au cœur de la tourmente. Dirigeant spirituel de l’Église Philadelphie, il est accusé d’avoir transformé son ministère religieux en vivier de recrutement pour l’État congolais. Son influence sur certaines figures politiques serait telle qu’il est désormais surnommé « le cardinal invisible de la République« .
Un exemple marquant reste le projet Tshilejelu, dont l’échec cuisant est aujourd’hui attribué à une gestion calamiteuse par des fidèles de Philadelphie, choisis sans réelle compétence technique, mais pour leur appartenance à l’église. Les fonds alloués auraient été dilapidés dans des circuits douteux, alimentant les soupçons de corruption et de favoritisme religieux.
L’UDPS marginalisée ?
Pendant ce temps, au sein même du parti présidentiel, l’UDPS, c’est l’amertume. Plusieurs cadres dénoncent l’absence de « combattants » du parti dans les nominations officielles, laissant place à une hégémonie de l’Église Philadelphie. Une situation qui nourrit les frustrations dans les rangs et pousse certains à parler de « trahison institutionnelle ».
Une église ou un parti de l’ombre ?
La question fondamentale se pose aujourd’hui, jusqu’où ira l’emprise de Philadelphie sur l’État congolais ? Ce qui aurait pu être perçu comme un simple élan de solidarité confessionnelle prend désormais l’allure d’un réseau de cooptation tentaculaire, au mépris des équilibres politiques et de la compétence technocratique.
Face à ce constat, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une clarification urgente. l’Église doit-elle s’occuper du salut spirituel ou devenir un acteur politique occulte ? Le pasteur Roland Dalo, en s’immisçant indirectement dans la gestion publique, s’expose à des accusations de népotisme confessionnel, compromettant la laïcité et la crédibilité des institutions.
Un appel à la vigilance
Il est temps, pour les institutions de la République, de rompre avec ces pratiques sectaires déguisées en politique de nominations. L’État congolais ne peut devenir la chasse gardée d’un groupe religieux, aussi influent soit-il. La gestion publique ne saurait se résumer à des connivences spirituelles, encore moins à des réseaux d’intérêt confessionnel.
Ben AKILI