Le procès de Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo (2001-2019), s’est ouvert vendredi matin 25 juillet devant la Haute Cour militaire de Kinshasa. Attendue avec fébrilité dans tout le pays, l’audience n’a duré que quelques minutes avant d’être reportée au 31 août, les avocats de la défense ayant sollicité un délai pour préparer leurs arguments.
Malgré ce report, les autorités ont tenu à marquer la solennité du moment. Qualifiant ce procès d’« historique », le ministre intérimaire de la Justice, Samuel Mbemba, a été ferme dans ses propos.
« La justice ne négocie pas, elle ne dialogue pas, et son calendrier n’est pas celui de la politique », a-t-il martelé.
Le dossier d’accusation consulté par Jeune Afrique énumère des charges lourdes et sans précédent pour un ancien chef d’État congolais. Joseph Kabila est poursuivi notamment pour : Trahison et complot contre la nation, Intelligence avec des puissances étrangères, Soutien logistique et financier à des groupes rebelles armés, Viol, Homicide intentionnel, Torture et déportation de populations et crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité.
Selon l’acte d’accusation, ces crimes auraient été commis durant et après son mandat, et seraient liés à une stratégie de déstabilisation nationale impliquant des réseaux militaires et politiques.
Les éléments présentés par le parquet militaire proviennent de plusieurs mois d’enquête, de témoignages, d’écoutes téléphoniques, ainsi que de documents confidentiels rendus accessibles après la fin du mandat de l’ex-président. Le ministère public affirme disposer de preuves matérielles de transferts financiers à destination de groupes armés opérant dans l’Est de la RDC, ainsi que de communications interceptées entre Joseph Kabila et des officiers de ces milices.
Jamais auparavant un ancien président congolais n’avait été jugé pour des crimes d’une telle ampleur. Ce procès ouvre une nouvelle ère de justice et de redevabilité, selon les autorités, même si l’opinion publique reste divisée sur les motivations réelles du procès : volonté de justice ou règlement de comptes politique ?
Les regards sont désormais tournés vers la date du 31 août, où la Haute Cour militaire devrait reprendre les débats. D’ici là, la défense de Joseph Kabila entend démonter ce qu’elle qualifie déjà de « dossier vide et politique ».
Mais pour les autorités judiciaires, l’enjeu est clair : montrer que nul, pas même un ancien président, n’est au-dessus des lois.
Patient Mukuna