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Signature de la déclaration de Principes : la RDC a-t-elle cédé à la gestion de ses ressources naturelles ?

C’est exactement faux. La déclaration de principes signée entre la République démocratique du Congo et le Rwanda sous l’égide des États-Unis n’instaure pas une cogestion des ressources naturelles de la RDC.

Le débat est houleux, surtout pour ce qui est des rubriques économiques. Certains observateurs ont hâtivement interprété la disposition relative à la « coopération en matière de chaînes de valeur minérales transparentes, formalisées et licites » comme l’annonce d’une gestion commune des ressources naturelles de la RDC. Une telle lecture, si elle peut sembler intuitive au premier abord, ne résiste pas à une analyse rigoureuse du texte et de son esprit.

Non seulement cette disposition ne remet pas en cause la souveraineté de la RDC sur ses ressources, mais elle s’inscrit pleinement dans l’architecture générale de l’accord, laquelle repose précisément sur le respect explicite de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale et de la gouvernance exclusive par les autorités congolaises.

En effet, la rubrique économique de la déclaration engage les participants à coordonner leurs efforts pour assainir les circuits d’approvisionnement en minerais, de l’extraction jusqu’à la transformation, en partenariat avec le gouvernement américain et les investisseurs américains. Le mot-clé ici est « chaînes de valeur formalisées » : il s’agit de sécuriser et légaliser les flux miniers dans une région historiquement marquée par l’informel, la contrebande et l’exploitation prédatrice, non de partager la propriété ou la gestion des ressources.

Cette clarification est d’autant plus importante que la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC trouve historiquement ses racines dans l’exploitation illicite de ses ressources naturelles. Pendant des années, des minerais extraits illégalement en RDC ont été exportés par des circuits opaques vers les marchés mondiaux, notamment via le Rwanda, sans aucun bénéfice pour l’État congolais ni pour ses populations locales. L’exemple de l’or illustre parfaitement cette réalité. L’or congolais, extrait dans des zones de conflit, a souvent été raffiné au Rwanda dans des infrastructures comme Gasabo Gold Refinery, entreprise qui a été sanctionnée par les États-Unis pour avoir blanchi de l’or de conflit. Ce système de blanchiment a permis à des groupes armés de prospérer, à des économies parallèles de se développer, et à l’État congolais d’être dépossédé de ses ressources stratégiques.

Le principe posé par la déclaration de principe vise précisément à corriger ce scandale historique, sans rien céder sur la souveraineté. Désormais, la coopération régionale doit s’organiser autour de circuits licites, connus, publiques et informatisés. Ainsi, un minerai extrait en RDC pourra éventuellement être transformé ailleurs dans la région, y compris au Rwanda, mais uniquement dans le respect absolu des normes de traçabilité, sous supervision nationale et internationale, avec une source identifiée, des autorisations officielles, un paiement des taxes dues et une conformité stricte aux législations congolaises. L’État congolais reste l’unique maître de l’origine, de la certification et de l’autorisation d’exportation des minerais.

Cette démarche ne diminue donc en rien la souveraineté de la RDC. Au contraire, elle la renforce en l’inscrivant dans un système de gouvernance minière formelle, où le pouvoir de l’État se matérialise par le contrôle total de l’exploitation, de la certification et de la commercialisation des ressources.

Il est également essentiel de souligner que cette formalisation des chaînes de valeur minérales n’est pas isolée : elle s’inscrit dans un ensemble d’engagements globaux, parmi lesquels figure la reconnaissance explicite du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC. Ce n’est donc pas un hasard si la disposition économique est directement connectée à des engagements politiques lourds : la coopération régionale n’a de sens que dans le respect absolu de la souveraineté congolaise et sous l’autorité des institutions nationales.

En conclusion, il est fondamental de comprendre que la disposition économique de la déclaration de principe ne vise ni à diluer la souveraineté de la RDC, ni à instituer une quelconque cogestion des ressources naturelles. Elle constitue un outil diplomatique et technique pour mettre fin aux circuits illicites qui ont alimenté l’insécurité, pour formaliser et valoriser les richesses congolaises dans des circuits transparents, et pour rétablir l’autorité économique de l’État sur des ressources stratégiques vitales pour son avenir.

La souveraineté sur les ressources reste entière, exclusive et renforcée. Le temps du pillage discret cède la place à l’ère de la transparence assumée.

Bref, ce document signé réaffirme : la souveraineté nationale de la RDC, le respect de son intégrité territoriale, le contrôle exclusif de l’Etat congolais sur ses ressources.

L’objectif poursuivi est d’assainir les chaînes de valeur minière, mettre fin à l’économie de prédation et garantir la traçabilité et la transparence dans l’exportations. Coopération régionale n’est pas cogestion. C’est restaurer la souveraineté économique, non l’amoindrir

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