À partir de la rentrée scolaire 2025-2026, la République démocratique du Congo franchira une étape majeure dans son engagement pour l’amélioration des conditions d’apprentissage des élèves : le lancement du programme national des cantines scolaires. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique multisectorielle visant à combattre la malnutrition chronique chez les enfants tout en stimulant la scolarisation.
C’est lors d’un atelier stratégique à Kinshasa que la ministre de l’Éducation nationale, Raïssa Malu, a officialisé l’annonce. En collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM), les autorités congolaises veulent mettre en œuvre une politique d’alimentation scolaire cohérente et intégrée. « Nous voulons que chaque enfant congolais ait accès à un repas équilibré à l’école. C’est un droit, pas un luxe », a-t-elle déclaré.
Guillaume Korogo, directeur de l’éducation à la vie courante au sein du ministère, a précisé que l’initiative concernera dans un premier temps les écoles publiques. « Nous allons d’abord cibler les établissements publics, puis évaluer la possibilité d’étendre le programme aux écoles privées », a-t-il affirmé, ajoutant que les premières activités opérationnelles pourraient démarrer dès juillet 2025.
Le PAM, quant à lui, a réaffirmé son rôle d’accompagnateur technique. « Notre engagement est clair : appuyer le gouvernement dans la mise en œuvre de cette stratégie. Nous mettrons à disposition notre expertise et aiderons à mobiliser les ressources nécessaires », a expliqué Nafiou Issiaka, chef de programme des cantines scolaires au PAM.
L’atelier a également été l’occasion pour les différents ministères concernés — Agriculture, Santé, Affaires sociales, Plan, et Finances — de s’accorder sur une vision commune. Des recommandations ont émergé : créer des infirmeries dans les écoles ciblées, diversifier les repas, intégrer des potagers scolaires et prévoir une ligne budgétaire spécifique dès 2026.
Le programme s’ancre dans une réalité préoccupante : selon les données du ministère de l’Éducation, 43 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique, et de nombreux élèves ne disposent d’aucun apport alimentaire durant la journée scolaire. Une situation que le gouvernement souhaite inverser grâce à cette politique publique ambitieuse.
Au-delà de la nutrition, l’ambition est aussi éducative. « Offrir un repas quotidien, c’est améliorer la concentration, l’assiduité et les résultats scolaires des élèves », a souligné Guillaume Korogo. Le président de la République avait d’ailleurs insisté sur ce point lors du Conseil des ministres du 20 octobre 2023, appelant à accélérer la réforme des cantines scolaires.
Ce projet s’inscrit dans le cadre des engagements internationaux de la RDC, notamment ceux pris lors des sommets de la School Meals Coalition à Paris en 2021 et à Dakar en 2023. Il servira aussi de vitrine lors du prochain Sommet mondial de Fortaleza en 2025, où Kinshasa espère présenter des avancées concrètes.
Les autorités espèrent que cette stratégie servira de levier pour relancer le développement local, en intégrant des produits agricoles issus des communautés. Cela permettra également de renforcer la résilience des zones rurales, particulièrement touchées par l’insécurité alimentaire.
Enfin, ce programme d’alimentation scolaire n’est pas qu’une mesure ponctuelle : il est pensé comme un pilier durable des politiques éducative, sociale et agricole du pays. « Nous ne faisons pas que nourrir des enfants, nous bâtissons un avenir », a conclu Raïssa Malu.
CKK