La décision du gouvernement provincial du Haut-Uelé de sommer les éleveurs Mbororo de quitter la région dans un ultime délai, annoncé le 17 mai 2025, suscite des inquiétudes bien au-delà des frontières de cette province du nord-est de la RDC. Ces éleveurs nomades, accusés de troubles à l’ordre public et de violations des lois locales, pourraient se diriger vers les provinces voisines, faisant craindre un déplacement de la crise.
Au cœur de cette décision se trouve une cohabitation devenue difficile entre les Mbororo et les populations locales. Des plaintes récurrentes concernant l’insécurité, la destruction des cultures et l’occupation illégale des terres ont fini par convaincre les autorités de mettre fin à leur présence dans la province. Le gouverneur du Haut-Uelé a ainsi lancé un ultimatum pour un départ immédiat.
Mais cette mesure, loin de rassurer, soulève d’autres inquiétudes. Dans la province voisine du Bas-Uelé, le député national Trésor Ngeya tire la sonnette d’alarme. Il redoute un afflux massif de ces éleveurs vers son territoire, particulièrement dans les zones forestières et agricoles des territoires d’Ango, de Poko et de Bombo. « Nous risquons une déstabilisation complète de notre système agricole », avertit-il.
Selon le député, les Mbororo ne respecteraient pas les règles locales de gestion foncière et leurs troupeaux pourraient menacer l’équilibre écologique et la sécurité alimentaire des habitants. « Si leurs bêtes envahissent nos champs, ce sera la famine », affirme-t-il avec gravité.
Au-delà de l’aspect agricole, Trésor Ngeya pointe également des risques sécuritaires. Il évoque la présence d’éléments suspects dans les rangs de ces éleveurs, qui connaîtraient mieux les forêts que les populations locales. Un argument qui alimente la peur de l’implantation de groupes armés ou d’activités illicites dans ces zones reculées.
Face à ces préoccupations, l’élu appelle à une intervention concertée entre les autorités provinciales et le gouvernement central. Il demande notamment au ministère de l’Intérieur de se saisir du dossier afin d’éviter une propagation de la crise vers les provinces de la Tshopo et de l’Ituri, également potentiellement concernées par un déplacement de ces populations.
Alors que les jours passent et que l’ultimatum approche de son terme, la RDC se trouve face à un dilemme : comment faire respecter les droits des populations locales tout en évitant de transformer une crise provinciale en instabilité régionale ?
CKK