L’installation imminente des compteurs à prépaiement à Bandundu-Ville, annoncée par la Société Nationale d’Électricité (SNEL S.A), marque une nouvelle étape dans la modernisation de la fourniture d’électricité dans cette ville du Kwilu. Porté par le centre de distribution local, ce projet vise à digitaliser la gestion de l’énergie, tout en responsabilisant les abonnés dans leur consommation. Toutefois, l’initiative ne fait pas l’unanimité.
Alors que la SNEL assure que cette transition permettra une meilleure transparence dans la facturation et réduira les impayés, une frange de la population redoute une exclusion des ménages les plus modestes. La question qui divise : cette technologie est-elle adaptée au niveau de vie moyen dans la ville ?
Me Alain Yamba, avocat de la place, fait partie des voix qui s’élèvent contre ce changement. Selon lui, l’introduction de ce système risque d’aggraver la précarité énergétique. « À Bandundu, beaucoup vivent avec un dollar par jour. Avec un compteur à prépaiement, l’électricité deviendra un luxe inaccessible pour les plus pauvres », alerte-t-il, évoquant l’échec relatif du même modèle dans certaines communes de Kinshasa.
Cependant, d’autres habitants y voient une opportunité. Hecson Mikwa, commerçant au centre-ville, défend une approche plus optimiste. Il estime que le prépaiement offre une autonomie accrue : « Cela nous permet de consommer selon nos moyens. On achète ce qu’on peut payer, sans surprise à la fin du mois. »
Du côté de la SNEL, le discours est rassurant. L’ingénieur Bakuku, directeur provincial, annonce que plus de 2 000 compteurs sont déjà prêts à être installés, avec le quartier Monusco comme zone pilote. Il insiste sur la progressivité de l’opération et le soutien prévu pour les premiers utilisateurs. « Nous avons tout prévu pour une transition paisible et efficace », assure-t-il.
Cette réforme, présentée comme un levier vers une meilleure gouvernance énergétique, repose toutefois sur un équilibre délicat entre innovation technologique et justice sociale. La réussite de ce déploiement dépendra largement de la capacité de la SNEL à accompagner les usagers et à adapter son approche aux réalités locales.
Nicolas Kingwangwa, depuis Bandundu-Ville