Lors d’une journée porte ouverte organisée ce lundi 19 mai 2025 à Beni, Mwami Atsu Taibo, chef du village de Bapakombe, a lancé un appel pressant au gouvernement congolais pour résoudre le conflit de délimitation opposant l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) aux agriculteurs de Mayangose. Ce différend, qui perdure depuis 1998, a déjà coûté la vie à plus de 34 cultivateurs, selon le chef coutumier.
« De 1998, année du début du conflit, jusqu’en 2013, nous avons déjà perdu plus de 34 agriculteurs, sans compter les éco-gardes décédés dans le même conflit. Le responsable, c’est le gouvernement congolais qui ne veut pas tirer les choses au clair », a-t-il déploré devant les participants.
Le conflit concerne les limites du Parc National des Virunga (PNVi), classé patrimoine mondial de l’UNESCO, et les terres exploitées par les agriculteurs de Mayangose. L’ICCN affirme que Mayangose fait partie intégrante du parc, conformément aux limites légales établies depuis 1950. Cependant, les agriculteurs contestent cette délimitation, arguant que leurs activités agricoles se situent en dehors des frontières officielles du parc.
Des incidents récents ont exacerbé les tensions. En mars 2025, des opérations menées par les éco-gardes de l’ICCN ont entraîné la destruction de champs et l’arrestation de plusieurs agriculteurs à Mayangose. Ces actions ont suscité l’indignation des communautés locales, qui dénoncent des violations de leurs droits et une absence de dialogue constructif.
Malgré des tentatives de concertation, notamment une rencontre le 24 mars 2025 à la station de Mutsora réunissant des représentants des agriculteurs, des leaders locaux et des responsables du PNVi, aucune solution durable n’a encore été trouvée. Les parties ont convenu de poursuivre les discussions pour concilier la préservation du parc et les préoccupations des communautés locales.
Le chef coutumier Mwami Atsu Taibo a salué les efforts des élus de la région qui se battent pour la cause des agriculteurs, tout en appelant le gouvernement à agir de manière décisive. « La population est dans une attente interminable d’une solution définitive, le gouvernement doit agir », a-t-il insisté.
Ce conflit met en lumière les défis liés à la gestion des aires protégées en République démocratique du Congo, où la conservation de la biodiversité doit être équilibrée avec les besoins des populations locales.
Dieumerci Matu Chub