La province du Kasaï-Oriental s’enfonce un peu plus dans l’instabilité institutionnelle avec un troisième changement de gouverneur en l’espace de quelques années.
Ce lundi 19 mai 2025, la cérémonie de remise et reprise entre le gouverneur démissionnaire Jean-Paul Mbwebwa Kapo et son vice-gouverneur, Augustin Kayemba Mulemena, désormais gouverneur intérimaire, s’est tenue au gouvernorat à Mbuji-Mayi, en présence de l’Inspection Générale de la Territoriale et du Conseil provincial de sécurité.
Augustin Kayemba assure désormais l’intérim au sommet de la province. Il aura pour mission principale d’expédier les affaires courantes dans l’attente soit d’une élection d’un nouveau gouverneur, soit d’un éventuel retour de Mbwebwa Kapo si la justice venait à l’innocenter. Une transition imposée par un télégramme du Vice-Premier ministre de l’Intérieur, ordonnant une passation immédiate du pouvoir exécutif provincial.
Accusé de malversations financières liées à la gestion d’une subvention de 3 millions de dollars américains destinée aux investissements, Jean-Paul Mbwebwa Kapo reste confiant quant à l’issue judiciaire de son dossier actuellement entre les mains de la Cour de cassation. « Je suis issu d’un parti, l’UDPS, qui a lutté pendant 37 ans pour l’instauration de l’État de droit. Nous comptons sur notre justice, il dira le droit », a-t-il déclaré à la presse à l’issue de la cérémonie.
L’ancien gouverneur a par ailleurs appelé la population à la retenue et à la confiance dans les institutions judiciaires. « J’ai demandé à toute la population d’être calme et sereine et laisser la justice faire son travail », a-t-il ajouté, réaffirmant son attachement aux principes démocratiques.
Pour de nombreux observateurs, cette énième déchéance d’un gouverneur issu du parti présidentiel, l’UDPS, souligne un malaise persistant dans la gouvernance provinciale au Kasaï-Oriental. Depuis l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi, c’est le troisième gouverneur UDPS à être éjecté par l’Assemblée provinciale, dans un schéma qui interroge sur les pratiques administratives et les jeux politiques locaux.
La succession de crises à la tête de cette province stratégique de la République démocratique du Congo révèle un climat politique instable, où les remous institutionnels fragilisent le développement régional. L’arrivée d’Augustin Kayemba au pouvoir s’inscrit donc dans une dynamique de précaution, en attendant une stabilisation politique plus durable.
CKK