La création de nouvelles villes en République démocratique du Congo, censée rapprocher l’administration des citoyens, met en lumière des problèmes de gouvernance et de sécurité préoccupants. Lors de la plénière du jeudi 22 mai 2025, l’Assemblée nationale a vivement interpellé le Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, sur la gestion chaotique de certaines de ces nouvelles entités, notamment Shabunda.
« Nous allons procéder à une évaluation approfondie de l’installation des animateurs dans ces nouvelles juridictions afin d’assurer une gouvernance cohérente et conforme aux textes », a déclaré Me Jacquemain Shabani devant les députés. Il a reconnu les failles dans l’organisation administrative de ces entités, mais a insisté sur l’engagement du gouvernement à rétablir l’ordre.
C’est une question orale avec débat introduite par le député Eyenga Mboyo Venance qui a mis le feu aux poudres. Le parlementaire a dressé un tableau alarmant de la situation dans certaines villes nouvelles, évoquant « des arrestations arbitraires, des tracasseries policières et la présence d’agents non identifiés dans les rangs de la police ». Il a également pointé la faiblesse de l’autorité étatique dans ces zones.
Jacquemain Shabani a tenté de rassurer en évoquant les efforts en cours pour professionnaliser la police. « Nous avons lancé le recensement des éléments de la PNC afin d’éliminer les policiers fictifs. Le projet de réforme de la police est en cours d’examen à la Commission Défense et Sécurité », a-t-il affirmé, tout en admettant que la situation reste critique dans certaines régions.
L’installation des animateurs des nouvelles villes a été au cœur des échanges, suscitant une quarantaine d’interventions de députés. La légalité des nominations, l’absence de moyens logistiques et le manque de coordination avec les services de sécurité ont été vivement critiqués. Certains élus ont prévenu que si aucune mesure rapide n’était prise, « ces entités pourraient se transformer en zones de non-droit ».
Au-delà du cas de Shabunda, la plénière a aussi abordé d’autres foyers d’insécurité comme Lubumbashi, Boma, ou encore le phénomène des gangs urbains, les Kuluna. Les conflits entre chefs coutumiers et la précarité des agents de sécurité affiliés à la CNSSAP ont également été évoqués. Pour répondre en détail à ces multiples préoccupations, le Vice-Premier ministre a demandé un délai de 48 heures, accordé par la présidence de séance.
CKK