L’annonce de Joseph Kabila sur sa prochaine visite à Goma, bastion de la coalition rebelle M23-AFC, suscite de nombreuses interrogations au sein de la classe politique congolaise. L’ancien président a fait cette déclaration lors de son adresse à la nation ce vendredi 23 mai, provoquant une onde de choc dans un contexte déjà tendu au Nord-Kivu.
Goma est depuis plusieurs mois sous le contrôle du mouvement rebelle M23-AFC, qui y a établi un gouvernement parallèle. La présence annoncée de Kabila dans cette ville, longtemps au cœur des spéculations, nourrit désormais les suspicions d’un possible soutien officiel de l’ex-chef de l’État à cette coalition.
Joseph Kabila a rappelé dans son discours son engagement à défendre « l’intégrité territoriale » et à respecter « les principes démocratiques » du pays. Cependant, il n’a pas précisé les motifs exacts de cette visite qui, selon certains observateurs, pourrait marquer un tournant politique majeur.
Le pouvoir en place, dirigé par Félix Tshisekedi, a toujours dénoncé des liens présumés entre Kabila et les groupes rebelles responsables des violences dans l’Est du pays. Cette visite pourrait donc conforter la thèse officielle selon laquelle l’ancien président soutient la rébellion.
Une telle hypothèse est d’autant plus sensible que Kabila fait déjà face à des accusations lourdes, dont la levée récente de son immunité parlementaire au Sénat. Cette mesure est liée à des soupçons d’appui aux rebelles, notamment dans le cadre des violences et du pillage des ressources naturelles.
La question clé reste à savoir si Joseph Kabila rencontrera ou non les représentants du gouvernement parallèle installé par le M23-AFC à Goma. Une telle rencontre serait perçue comme une validation politique du mouvement rebelle.
Pour l’instant, l’ancien président se présente comme un acteur prêt à intervenir pour « sauver » le pays d’un « pouvoir chaotique », selon ses propres termes. Il met en avant une posture de défense nationale sans pour autant clarifier ses intentions sur le terrain.
Cette situation complexe alimente les divisions au sein de l’élite congolaise et suscite une attention internationale accrue. La manière dont cette visite se déroulera influencera probablement la dynamique du conflit dans la région.
En somme, l’annonce de Joseph Kabila relance le débat sur son rôle dans la crise actuelle du Nord-Kivu et Sud -Kivu, sans pour autant lever le voile sur ses véritables objectifs. La prudence reste donc de mise dans l’analyse de cette démarche politique sensible.
CKK