Lors d’un briefing conjoint tenu ce mardi 27 mai à Kinshasa avec le ministre de la Communication Patrick Muyaya, le ministre du Commerce extérieur Julien Paluku a dressé un constat amer sur les retombées économiques du secteur minier en République démocratique du Congo. Malgré des exportations record de cobalt et de cuivre, les bénéfices de cette richesse ne se font pas ressentir dans le quotidien des Congolais.
« Parce qu’aujourd’hui, ou l’année passée ou l’année dernière, nous avons exporté 152 000 tonnes de cobalt. Nous avons exporté autour de 3 100 000 tonnes de cuivre. Mais ça ne se ressent pas dans les paniers de la ménagère », a déclaré le ministre. Selon lui, la tonne de cobalt est actuellement évaluée à 33 000 dollars. Une multiplication rapide de ce prix par le volume annuel exporté donne une estimation de près de 60 milliards de dollars. Pour le cuivre, cela représente encore 29 milliards de dollars.
Face à cette contradiction entre richesse minière et pauvreté persistante, Julien Paluku relaie l’appel du président Félix Tshisekedi à une diversification économique. « Le président de la République, son Excellence Félix Antoine Tshisekedi, nous a demandé de diversifier notre économie. Parce que le secteur minier n’a pas été porteur de croissance », a-t-il martelé, avant de souligner l’orientation vers le secteur agricole comme levier prioritaire.
Le ministre a présenté des comparaisons édifiantes pour appuyer cette stratégie. « La tonne de cuivre coûte 9 534 dollars (…) la tonne du cacao, elle vous coûte 10 310 dollars. (…) Comparé à la tonne du cuivre, eh bien, la tonne du cacao nous donne plus d’avantages », a-t-il expliqué. Cette dynamique démontre que les produits agricoles peuvent concurrencer, voire surpasser, certaines matières premières en valeur.
Pour Julien Paluku, l’agriculture offre un double avantage : satisfaire les besoins alimentaires et créer massivement de l’emploi. Il a souligné que la RDC dispose de 80 millions d’hectares de terres arables, dont l’exploitation à moitié pourrait générer jusqu’à 120 millions d’emplois. « Un hectare emploie trois personnes (…) ça veut dire que nous aurons besoin de 120 millions d’emplois. Or, nous sommes encore autour de 100 millions d’habitants », a-t-il précisé, estimant même que le pays pourrait un jour importer de la main-d’œuvre.
Cependant, produire ne suffit pas, a insisté le ministre. Il faut aussi garantir des débouchés pour les produits congolais. Dans ce sens, le gouvernement a entamé une politique d’identification des marchés extérieurs. Le premier grand partenariat cité par Julien Paluku est celui des États-Unis via l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), qui facilite l’exportation des produits africains vers le marché américain.
En conclusion, le ministre du Commerce extérieur appelle la population congolaise à « migrer vers le secteur agricole » pour bâtir une économie plus inclusive. À ses yeux, seule cette transition pourra améliorer durablement le quotidien de millions de Congolais et permettre à la RDC de capitaliser sur toutes ses richesses, au-delà des mines.
CKK