Un nouveau bras de fer s’engage entre justice et politique en République démocratique du Congo. L’Assemblée nationale a installé, le lundi 26 mai, une commission spéciale chargée d’examiner la demande de levée des immunités parlementaires du ministre de la Justice, Constant Mutamba. La démarche est portée par le Procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde Mambu, dans un contexte où la tension entre institutions reste palpable.
Composée de 22 députés, cette commission temporaire devra se pencher sur le réquisitoire du haut magistrat, qui soupçonne Mutamba d’actes nécessitant des poursuites judiciaires. Trois jours sont accordés à ce groupe de travail, dont les conclusions sont attendues ce jeudi 29 mai, lors d’une séance plénière décisive. Une course contre la montre s’engage.
À sa tête, le député national Meschac Mandefu, secondé par Mbiya Luboya Titi et Théovel Lotika, devra conduire les auditions et analyses techniques avec rigueur. Le député André Lite assure le rôle de rapporteur, épaulé par Iwolo Banyafia. Tous auront la tâche sensible de départager ce qui relève du droit de ce qui pourrait cacher un affrontement politique.
Première étape attendue : l’audition du Procureur général lui-même, prévue ce mardi 27 mai. L’objectif est d’obtenir les preuves et justifications légales qui soutiennent la demande de levée d’immunité. Une audition qui s’annonce stratégique pour la suite des travaux.
Cette procédure intervient alors que Constant Mutamba, figure controversée mais influente du paysage politique congolais, fait face à de nombreuses critiques. Certains y voient une volonté de rééquilibrer les forces dans le gouvernement, d’autres y lisent une instrumentalisation politique de la justice.
Le débat divise déjà l’opinion publique et les acteurs politiques. Tandis que certains députés plaident pour une transparence judiciaire sans entraves, d’autres appellent à la prudence, évoquant le risque de dérives et de règlements de comptes politiques à travers les institutions.
Quel que soit le verdict, la décision finale de l’Assemblée nationale pourrait avoir des répercussions majeures sur l’équilibre du pouvoir au sein de l’exécutif et sur l’indépendance des institutions. La RDC suit de près cette affaire, symptomatique des défis d’un État de droit encore en construction.
CKK