Cela fait deux décennies que le quartier Kilobelobe, situé dans la commune Annexe à Lubumbashi, dans le Haut -Katanga, vit sans accès à l’eau potable. Une situation alarmante pour les habitants, contraints de parcourir plusieurs kilomètres pour s’approvisionner en eau potable auprès de forages privés.
Dans cette zone urbaine pourtant densément peuplée, aucun robinet de la REGIDESO n’est opérationnel. Le quotidien des résidents est rythmé par la recherche de cette ressource essentielle. « Nous faisons des kilomètres avec nos vélos pour aller chercher de l’eau. Et parfois, même en arrivant, il faut encore faire la queue », a témoigné Robert Kanyinda auprès de Surveillance.cd.
Cette précieuse eau, vendue entre 150 et 200 francs congolais le bidon de 20 litres, devient un luxe pour les familles les plus modestes. Certains points de ravitaillement exigent même jusqu’à 500 FC pour trois bidons, rendant la situation encore plus intenable pour les ménages déjà en difficulté.
Mais les coûts élevés ne s’expliquent pas uniquement par la rareté de l’eau. Les gestionnaires de forages privés sont eux aussi sous pression. « Les services étatiques nous réclament des sommes exorbitantes, parfois jusqu’à 1 000 dollars américains », confie l’un d’eux, sous couvert d’anonymat, à Surveillance.cd.
Face à cette fiscalité jugée excessive, plusieurs exploitants préfèrent fermer leurs installations, aggravant la pénurie pour les habitants de Kilobelobe. Une crise silencieuse, mais dont les conséquences sociales sont de plus en plus visibles.
Le manque d’infrastructures fiables accentue aussi les risques sanitaires. « Nos enfants souffrent souvent de diarrhée et d’infections cutanées. L’eau des forages n’est pas toujours propre, mais nous n’avons pas d’autre choix », déplore Émilie Tshibola, mère de famille interrogée par Surveillance.cd.
Le chef du quartier, Jean Kalunga, pointe du doigt l’état désastreux des anciennes conduites. « Ces canalisations trouées laissent passer des impuretés. Elles sont inutilisables depuis vingt ans. Sans une intervention rapide, la situation pourrait dégénérer en crise sanitaire », a-t-il déclaré à Surveillance.cd.
Dans ce contexte, la population en appelle aux autorités. Les habitants demandent la réhabilitation urgente du réseau de distribution et l’installation de nouveaux points d’eau accessibles à tous. Une doléance adressée à la REGIDESO, régulièrement interpellée, sans réponse concrète jusqu’ici.
Le problème dépasse toutefois le seul cadre de Kilobelobe. À Lubumbashi, plusieurs quartiers souffrent de coupures prolongées d’eau, alors même que les factures continuent d’être émises. Une injustice qui alimente la colère et l’incompréhension des citoyens.
Pamela Mbinga