Alors que les artères du centre-ville brillent sous les lampadaires flambant neufs et l’asphalte tout juste posé, les quartiers périphériques de Lubumbashi dans le Haut-Katanga, sombrent dans l’oubli. De plus en plus de voix s’élèvent dans les communes populaires, dénonçant une disparité criante dans les efforts d’aménagement entrepris par le gouvernement provincial dirigé par Jacques Kyabula.
À Kigoma, un quartier situé à l’entrée de la ville, les habitants vivent un véritable calvaire. La route principale reliant Kampemba à Ruashi reste dans un état de dégradation avancée. En saison sèche, la poussière envahit tout ; en saison des pluies, c’est la boue qui rend la circulation quasiment impossible. « Nous souffrons énormément. Quand il pleut, les motos et voitures s’embourbent. Parfois, on ne peut même pas sortir de la maison », témoigne Mylène Ngalula, habitante de Kigoma, rencontrée par Surveillance.cd.
Malgré une tentative de réhabilitation, il y a quatre ans, cette route, pourtant stratégique, n’a plus connu de travaux. Un constat que partagent plusieurs résidents de Kampemba, une commune voisine. « Le gouvernement provincial ne pense qu’au centre-ville. Ici, nos routes sont pleines de nids-de-poule, et aucune machine n’a travaillé dans le quartier depuis des années », déplore Albert Kangolongu, conducteur de taxi-moto.
En parallèle, les travaux s’accélèrent au centre-ville. L’avenue Kasa-Vubu a été fraîchement asphaltée, tandis que les avenues Lomami, Moero et Kasaï bénéficient désormais d’un nouvel éclairage public. Une modernisation visible qui accentue la frustration des habitants des périphéries.
Pour Blaise Kalala, résident de la commune Annexe, cette inégalité de traitement n’a plus lieu d’être. « Nous ne sommes pas contre le développement du centre-ville, mais pourquoi nous oublier ? Nous contribuons aussi aux taxes et nous avons droit aux infrastructures de base », s’indigne-t-il.
Face à la grogne, les autorités provinciales se veulent rassurantes. Un cadre de la division provinciale de l’Office de voirie et drainage, interrogé par Surveillance.cd, tente de justifier cette politique de priorisation. « Il faut d’abord moderniser le centre-ville, car c’est le cœur économique de Lubumbashi. Mais nous avons un plan d’aménagement progressif qui inclut aussi les quartiers périphériques », explique-t-il.
Une réponse qui ne suffit pas à apaiser les habitants. Ces derniers rappellent que la promesse d’un tel plan n’est pas nouvelle, et que les retards dans sa mise en œuvre deviennent de plus en plus pesants. Le contraste entre les avenues rénovées du centre-ville et les pistes impraticables de la périphérie se transforme ainsi en un symbole d’injustice.
Plus qu’une question d’image, l’état des routes touche directement la vie quotidienne des Lushois. Accès aux écoles, aux hôpitaux, sécurité routière : tout est impacté par l’état des voiries. Pour de nombreux citoyens, la réhabilitation des routes de proximité est une urgence qui ne peut plus attendre.
En attendant une véritable inclusion dans les programmes de modernisation, les communes comme Kampemba, Katuba, Ruashi restent à la marge, oubliées des engins de chantier et des priorités politiques. Les habitants, eux, continuent d’espérer que leur cri d’alarme sera enfin entendu.
Pamela Mbinga