Alors que l’Assemblée nationale examinait ce jeudi 29 mai la demande d’autorisation de poursuites contre le ministre de la Justice, Constant Mutamba, accusé de détournement de fonds publics à hauteur de 39 millions de dollars, les interventions se sont succédé à la tribune, témoignant de la sensibilité politique du dossier.
Parmi les voix qui se sont élevées, celle du député Eliezer Ntambwe a particulièrement retenu l’attention. Prenant la parole devant ses collègues, il a tenu à saluer le sérieux du travail mené par la commission spéciale chargée d’examiner la demande du procureur général près la Cour de cassation. Cependant, il a appelé à la prudence et à la retenue dans le traitement du dossier.
« Les élus ne doivent pas ternir l’image d’un membre du gouvernement qui fait bien son travail », a lancé Eliezer Ntambwe, plaidant pour une lecture politique du dossier qu’il estime davantage administratif que pénal.
Selon le député, l’affaire serait le fruit d’« une simple erreur administrative » plutôt qu’un acte intentionnel de détournement. Une position qui vise à relativiser les faits reprochés à Constant Mutamba, et à souligner la nécessité de protéger les responsables politiques engagés dans la réforme du système judiciaire.
Malgré cette tentative de défense, l’argumentaire d’Eliezer Ntambwe n’aura pas suffi à infléchir le cours des choses. La majorité des députés s’est montrée favorable à la levée de l’immunité de Constant Mutamba, estimant que seule une instruction judiciaire permettra de faire toute la lumière sur cette affaire.
Le ministre de la Justice, proche du régime, est au cœur d’un scandale à forts relents politiques. Les 39 millions de dollars concernés proviendraient d’un fonds destiné à la réforme de la justice, une ligne budgétaire sensible dans le contexte actuel de lutte contre la corruption.
CKK