La scène politique congolaise est à nouveau secouée par une violente polémique. Prince Epenge, porte-parole de la coalition d’opposition Lamuka, a appelé ce mercredi 11 Juin, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) à interdire toute prise de parole médiatique à Jean-Pierre Bemba, ministre des Transports et leader du Mouvement de libération du Congo (MLC). En cause : des déclarations jugées incendiaires et dangereuses pour la stabilité nationale.
« Nous demandons au CSAC d’interdire le passage de Bemba dans les médias pour éviter une guerre civile. Pendant que le peuple appelle à l’unité, la cohésion et au dialogue, Bemba propage la haine, la peur et le sang », a déclaré Prince Epenge dans une communication transmise à plusieurs rédactions, dénonçant une dérive verbale qu’il estime incompatible avec l’appel au dialogue prôné par les institutions du pays.
Les propos de Bemba, tenus sur les ondes d’une radio locale, ont en effet provoqué de vives réactions. Le ministre s’en est pris directement à Joseph Kabila, ancien président, à sa sœur Jaynet Kabila, et à Moïse Katumbi, président du parti Ensemble pour la République. Il a notamment remis en question la nationalité des Kabila, les qualifiant de Rwandais, tout en contestant leur lien de gémellité. Des allégations qualifiées d’infondées par la rédaction de l’émission qui l’accueillait.
Cette prise de parole alimente une tension déjà palpable au sein de la classe politique, sur fond de rivalités anciennes et de défiance croissante. La famille politique de Joseph Kabila a immédiatement réagi, dénonçant une attaque personnelle et ethnique qui pourrait attiser des divisions sensibles au sein de la population congolaise.
Plus inquiétant encore pour l’opposition, Jean-Pierre Bemba a affiché son rejet d’un dialogue national inclusif, pourtant souhaité par plusieurs forces politiques, y compris celles proches du président Félix Tshisekedi. « Pourquoi Bemba a-t-il peur du dialogue national inclusif ? Il est même en train de travailler contre son propre employeur, Monsieur Tshisekedi », s’est indigné Prince Epenge, pointant une attitude contradictoire avec les efforts de réconciliation en cours.
Ces tensions ravivent les souvenirs de la rivalité historique entre Bemba et Kabila, marquée par des affrontements politiques, mais aussi des accusations récurrentes de collusion avec les groupes armés actifs à l’est du pays.
CKK