Mbuji-Mayi, capitale du Kasaï-Oriental, s’est mise ce dimanche aux couleurs de l’accueil présidentiel. Félix Tshisekedi y est arrivé en début d’après-midi pour un séjour placé sous le signe du développement et de la relance. Lundi 6 octobre, le chef de l’État procédera à l’inauguration officielle de l’Université de Mbuji-Mayi, un établissement longtemps attendu par la jeunesse locale avide de formation et d’espoir.
Le programme présidentiel prévoit également une tournée des chantiers en cours : réhabilitation des routes, modernisation de certaines infrastructures et projets structurants censés impulser un nouveau souffle à cette province longtemps enclavée et marginalisée. Les habitants, enthousiastes, y voient une lueur de changement, mais derrière les danses folkloriques et les banderoles d’accueil se cache une attente plus brûlante, plus existentielle : la survie de la Miba.
La Miba, le cœur malade du Kasaï
Symbole d’un passé prospère, la Minière de Bakwanga (Miba) fut jadis la colonne vertébrale de l’économie du Kasaï et l’une des plus grandes sociétés diamantifères du pays. Mais aujourd’hui, ses installations portent les stigmates de décennies de mauvaise gestion, de pillages et d’abandon. Les milliers de travailleurs réduits au chômage, les familles laissées dans la précarité, et la ville entière privée de ses revenus traditionnels attendent toujours le fameux plan de relance.
Félix Tshisekedi avait promis, il y a quelques mois, un appui financier de 50 millions de dollars pour remettre la société sur pied. Mais jusqu’ici, la concrétisation tarde, et le doute s’installe. Pour beaucoup, l’avenir du Kasaï-Oriental ne se joue pas seulement dans les routes ou les universités, mais dans le redressement de cette entreprise qui a fait la fierté du peuple kasaïen.
Un peuple partagé entre ferveur et impatience
L’accueil réservé au chef de l’État témoigne d’une mobilisation sans précédent. Pourtant, derrière les sourires se cache une impatience grandissante.
« On peut inaugurer toutes les infrastructures du monde, mais tant que la Miba reste à l’agonie, Mbuji-Mayi restera une ville sans âme », lâche un notable local, traduisant le sentiment d’une partie de la population.
La visite du Chef de l’État est donc perçue comme un test. Tshisekedi réussira-t-il à transformer ses promesses en actes concrets ? Le Kasaï-Oriental veut croire que cette fois-ci, les annonces ne resteront pas lettres mortes.
Au-delà des festivités, ce séjour s’apparente à un rendez-vous historique. Car relancer la Miba, c’est offrir à tout un peuple une dignité retrouvée, redonner à une province sa place dans le concert économique national et réaffirmer l’engagement de l’État à réparer des décennies d’oubli.
Entre les inaugurations et les discours, les regards restent tournés vers une seule question. Mbuji-Mayi sera-t-elle, enfin, le théâtre d’un nouveau départ ?
Ben AKILI









