Le nouveau commandant des troupes ougandaises (UPDF) engagées aux côtés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) au Nord-Kivu, le général Stéphane Mugerwa, a proposé mardi soir au gouverneur militaire de la province, le général-major Evariste Kakule Somo, la mise en place de structures de défense locale (Local Defense) dans les zones libérées des rebelles ADF.
Cette initiative vise, selon lui, à renforcer la sécurité des populations après les opérations militaires, et à empêcher que les insurgés ne contournent les positions des forces régulières pour cibler les civils.
« J’ai demandé au gouverneur d’informer sa hiérarchie afin d’autoriser la création de Local Defense pour faire face aux manœuvres des ADF, qui contournent nos positions et s’en prennent ensuite à la population après les frappes infligées par nos forces », a déclaré le général Mugerwa.
Le commandant de l’UPDF a rappelé que ce système avait déjà prouvé son efficacité en Ouganda lors de la lutte contre la tristement célèbre Armée de Résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony. L’implication de la population locale dans la sécurisation des zones reculées avait contribué, selon lui, à réduire les infiltrations rebelles et protéger les civils.
« Nous poursuivons la traque des ADF dans la profondeur, mais derrière nous, il faut une force communautaire capable d’alerter, de résister et de collaborer avec les FARDC-UPDF pour empêcher le retour de l’ennemi », a-t-il insisté.

Des sources associatives rappellent que cette approche avait déjà été soumise à plusieurs reprises aux anciens dirigeants de la province par différentes organisations de la société civile, notamment à Beni et à Oicha, foyers récurrents des massacres attribués aux ADF.
Jusqu’ici, ces propositions n’avaient pas été concrétisées, en raison notamment des craintes de dérives, de confusion avec des milices d’autodéfense incontrôlées, ou encore d’un manque de cadre juridique clair.
Entre opportunité et prudence
Si la création de « Local Defense » suscite l’espoir d’une sécurité durable dans les zones reprises aux rebelles, certains analystes locaux appellent néanmoins à la prudence, soulignant la nécessité d’un encadrement strict par les FARDC pour éviter toute dérive ou instrumentalisation.
Le gouverneur militaire du Nord-Kivu n’a pas encore réagi officiellement à cette proposition, mais son entourage indique que la demande sera transmise à la haute hiérarchie militaire et politique du pays.
Emmanuel Kamba









