Le ton était grave, la mise en garde explicite. Lors de la rentrée judiciaire de la Cour constitutionnelle, tenue ce samedi 18 octobre à Kinshasa, le président de cette haute juridiction, Dieudonné Kamuleta, a adressé un message d’une rare intensité, en présence du chef de l’État Félix Tshisekedi je cite : « le juge constitutionnel n’a pas le droit au silence face aux crises qui menacent l’équilibre institutionnel du pays », fin de citation.
“L’inaction du juge constitutionnel peut créer l’instabilité et la défaillance des autres institutions. En définitive, l’invocation de la régulation permet de trouver une réponse à la hauteur de l’attente afin que le pays ne sombre pas dans le chaos”, a martelé le président de la Cour.
Dans un contexte politique marqué par des tensions autour de la gouvernance et du fonctionnement des institutions, le message du président Kamuleta résonne comme un rappel à l’ordre républicain. La Cour constitutionnelle, en tant que gardienne de la Loi fondamentale, se veut le dernier rempart contre la dérive institutionnelle.
Dans son discours, Dieudonné Kamuleta a insisté sur la notion de “régulation constitutionnelle”, pierre angulaire du fonctionnement harmonieux des pouvoirs publics. Selon lui, la Cour ne doit pas se contenter d’être une simple instance d’arbitrage juridique, mais doit assumer pleinement sa responsabilité politique et morale dans la préservation de l’ordre institutionnel.
“Dès lors, l’invocation de la nécessité de la continuité des institutions est le sens même de la fonction de la régulation”, a-t-il souligné, insistant sur le rôle actif que doit jouer le juge constitutionnel pour éviter les vides juridiques et prévenir les crises politiques.
Cette déclaration intervient alors que plusieurs observateurs pointent les fragilités persistantes du système judiciaire congolais, souvent accusé de laxisme ou de dépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif. Le président de la Cour semble vouloir rompre avec cette perception et réaffirmer l’indépendance et la dignité du juge constitutionnel.
La présence du Président Félix Tshisekedi à cette rentrée solennelle a conféré un poids politique particulier à l’événement. Le message de la Cour constitutionnelle s’adresse, de fait, à l’ensemble des pouvoirs publics, rappelant que la stabilité de l’État repose sur le respect mutuel des compétences et sur l’équilibre des institutions. En filigrane, Kamuleta appelle à une vigilance institutionnelle constante, estimant que chaque pouvoir doit jouer son rôle pour éviter l’enlisement de la République dans des crises répétitives.
Par ces mots, le président de la Cour constitutionnelle pose un acte fort, celui de rappeler la primauté du droit sur les calculs politiques. Dans un pays où la stabilité institutionnelle demeure fragile, sa déclaration sonne comme un serment de vigilance. Si la Cour constitutionnelle doit être le gardien du temple, Dieudonné Kamuleta entend la positionner comme le cœur battant de la régulation démocratique, une institution qui veille, agit et prévient, avant que la République ne chancelle.
L’avertissement du président de la Cour constitutionnelle n’est pas une simple leçon juridique, mais plutôt un cri d’alarme institutionnel.
Patient Mukuna









