La liberté de la presse, pilier de toute démocratie, semble une fois de plus vaciller en République Démocratique du Congo. Le Directeur général du média SCOOP RDC, Innocent Olenga, est dans le viseur des autorités judiciaires après avoir simplement relayé un communiqué de l’ONG LIGADHOP, dénonçant l’interférence du professeur Taylor Lubanga, Conseiller du Président de la République, dans le dossier judiciaire dit Mwant Jet. Selon plusieurs sources concordantes, un mandat d’arrêt serait en cours d’élaboration contre ce professionnel de la plume, dont le seul tort aurait été de faire son métier celui d’informer le public.
Les faits sont pourtant simples. Dans le respect strict de la déontologie journalistique, SCOOP RDC a publié le communiqué de l’ONG LIGADHOP sans commentaire, avant de donner la parole à la partie mise en cause, en l’occurrence le professeur Taylor Lubanga. Un équilibre de traitement exemplaire, tel que le prescrit l’éthique journalistique. Mais cette démarche professionnelle n’a pas suffi à calmer certaines susceptibilités au sommet de l’État. Le nom d’Innocent Olenga est désormais associé à une “affaire” qui, selon plusieurs observateurs, traduit un glissement inquiétant vers la criminalisation de l’information libre.
Olenga : « Je ne suis pas au-dessus de la loi, mais je refuse l’humiliation »
Selon le média Ouragan.cd qui posté cette alerte sur son compteX, Innocent Olenga se dit serein, mais profondément préoccupé par la tournure des événements.
« Je ne suis pas au-dessus de la loi, je suis prêt à répondre à toute convocation en bonne et due forme. Mais qu’on ne vienne pas m’enlever comme un bandit. Ce serait salir l’image d’un régime que j’ai toujours défendu », a-t-il déclaré.
Ce cri du cœur met en lumière une paradoxe troublant, celui d’un journaliste réputé loyal envers les institutions, aujourd’hui livré à la vindicte d’un système qu’il a contribué à défendre.
Les organisations de défense de la presse et des droits humains tirent la sonnette d’alarme. Si les journalistes peuvent être inquiétés simplement pour avoir relayé une information d’intérêt public, c’est toute la notion même de liberté de la presse qui vacille.
La RDC, pays souvent cité pour ses engagements en matière de démocratie et de bonne gouvernance, risque de voir son image ternie à l’international par ce genre de dérives qui rappellent de sombres époques où la vérité se payait cher.
Derrière cette affaire, se joue une bataille symbolique, celle de la survie d’une presse indépendante, capable d’informer sans craindre la répression. Traquer un journaliste pour avoir simplement fait son travail, c’est envoyer un message de peur à toute la corporation. L’heure n’est plus à l’intimidation, mais à la responsabilité collective qui est celle de protéger ceux qui informent, d’encadrer la justice pour qu’elle ne devienne pas un outil d’étouffement, et de rappeler que la démocratie sans presse libre n’est qu’une illusion.
Ben AKILI









