Le verdict est tombé ce mercredi à la prison militaire de Ndolo. L’adjudante Sarah Ebabi Bongoma, poursuivie pour violation des consignes après la diffusion sur TikTok d’une vidéo la montrant en uniforme dans une posture jugée « contraire à l’honneur de l’armée », a été condamnée à 12 mois de prison, assortis de 12 mois de sursis. Une peine clémente qui s’apparente, selon plusieurs observateurs, à un acquittement déguisé, après une affaire qui a défrayé la chronique et divisé l’opinion publique.
Tout est parti d’une courte séquence diffusée sur TikTok, dans laquelle l’adjudante Ebabi, souriante, apparaissait en tenue militaire, dans une ambiance détendue, au son d’une musique populaire congolaise. Rapidement virale, la vidéo a suscité une avalanche de réactions entre fierté, humour et indignation. Mais du côté du commandement militaire, la hiérarchie a vu rouge, la publication a été jugée atteinte à la discipline et à la dignité des FARDC, déclenchant une procédure de flagrance devant le tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe.
Dès la première audience, le 25 octobre, l’adjudante Sarah Ebabi a reconnu les faits, tout en niant toute intention de nuire à l’image de l’armée.
« Acquittez-moi, mon major. Je ne peux pas déshonorer l’armée que je sers depuis dix ans », avait-elle lancé, d’une voix tremblante, face aux juges militaires.
Son avocat, Me Jacques Mwadi, a plaidé la bonne foi et la méconnaissance des limites disciplinaires à l’ère des réseaux sociaux.
« Ma cliente n’a pas insulté l’armée, elle a simplement exprimé sa joie de vivre. Ce n’est pas un crime de danser, même en uniforme », a-t-il martelé.
Le ministère public, de son côté, a requis 12 mois de prison ferme, estimant que le comportement de la prévenue constituait une « faute grave » susceptible de porter atteinte à l’image de l’institution.
Un verdict d’équilibre
Après délibération, le tribunal a rendu un verdict de compromis : 12 mois de prison avec sursis intégral. Une décision accueillie par des applaudissements étouffés dans la salle. Pour beaucoup, cette peine symbolique reconnaît la faute sans pour autant briser la carrière d’une femme soldat au parcours exemplaire.
« C’est un message clair : la discipline reste la règle, mais la justice doit aussi garder un visage humain », confie un officier présent au procès.
Un mariage en suspens, une vie à reconstruire
Ironie du calendrier : Sarah Ebabi devait se marier ce vendredi 31 octobre 2025. Sa condamnation avec sursis lui permettra sans doute de retrouver sa liberté à temps pour célébrer son union, mais aussi de réfléchir à la portée des gestes anodins à l’ère du numérique.
L’affaire laisse néanmoins une empreinte durable dans l’armée : elle relance le débat sur la gestion de l’image des militaires sur les réseaux sociaux et sur la nécessité d’une communication adaptée aux jeunes soldats, de plus en plus connectés.
Au-delà du cas individuel, ce procès révèle les tensions entre tradition militaire et modernité numérique. Entre rigueur hiérarchique et liberté d’expression, l’armée congolaise cherche encore son équilibre. Mais pour Sarah Ebabi, désormais libre de ses mouvements, la leçon est claire : servir la patrie exige aussi de maîtriser sa présence en ligne.
Patient Mukuna









