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Fraude minière au Lualaba : JUSTICIA asbl dénonce une “justice sélective” et interpelle le ministre de la Justice

L’organisation congolaise de défense des droits humains JUSTICIA asbl a réagi avec vigueur au communiqué rendu public le 28 octobre 2025 par le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, relatif à la lutte contre la fraude minière dans la province du Lualaba. Si l’ONG salue l’initiative du ministre consistant à instruire l’Auditeur général des FARDC et le Procureur général près la Cour de cassation d’engager des poursuites judiciaires contre les auteurs de cette fraude, elle met toutefois en garde contre toute instrumentalisation politique et toute justice à double vitesse.

Dans sa lettre ouverte adressée au ministre d’État, JUSTICIA asbl se félicite de la prise de conscience tardive du gouvernement face à un fléau dénoncé depuis plusieurs années par la société civile.

« Vous revenez sur des préoccupations majeures souvent soulevées par des organisations des droits de l’homme, sans jamais avoir été entendus », rappelle l’ONG dans sa lettre.

L’organisation estime que cette action du ministère est un pas important, mais qui aurait dû être entreprise plus tôt, compte tenu de l’ampleur de la fraude minière institutionnalisée qui gangrène les provinces minières du Haut-Katanga et du Lualaba.

Un réseau mafieux bien structuré

S’appuyant sur les conclusions de la Commission nationale de lutte contre la fraude minière (FNLFM), JUSTICIA asbl dénonce un “réseau maffieux” composé de personnalités politiques, administratives et militaires, aussi bien congolaises qu’étrangères.

« Ce réseau de pilleurs de nos minerais est entretenu par des personnalités revêtues de la qualité officielle dont les tentacules partent du Lualaba et du Haut-Katanga vers la capitale Kinshasa », peut-on lire dans la lettre.

L’ONG évoque notamment l’implication présumée de certains officiers des FARDC et de la Garde républicaine, cités comme acteurs de terrain dans le commerce illicite des minerais. Elle dénonce ainsi un climat d’impunité enraciné, alimenté par la protection politique dont bénéficieraient ces acteurs.

La mise en garde contre une “justice sélective

Si JUSTICIA asbl dit croire en la démarche légale engagée par le ministre de la Justice, elle prévient qu’elle ne saurait soutenir une action partiale visant à sacrifier des exécutants tout en épargnant les véritables cerveaux de la fraude minière.

« Nous refusons de croire que cette initiative vise à faire ombrage aux plaintes introduites par les ONG devant des juridictions internationales », écrit l’organisation.

Dans un ton ferme, elle accuse certains proches du Chef de l’État, ainsi que des complices étrangers (Chinois, Libanais, Pakistanais, Indiens ou Russes), d’être au cœur de cette mafia politico-financière qui exploite illégalement les ressources minières du pays.

« JUSTICIA Asbl ne va pas soutenir une quelconque justice sélective dont le but serait d’épargner les cerveaux moteurs de cette mafia minière », tranche la lettre.

Un rappel des promesses non tenues

L’organisation rappelle qu’en dépit des résolutions du Conseil supérieur de la défense du 13 avril 2019, des instructions du Chef d’État-major des FARDC et de l’Auditeur général près la Haute Cour Militaire, aucune mesure concrète n’a été appliquée jusqu’ici pour démanteler ce système.

Pour JUSTICIA asbl, ces multiples ordres restés sans suite traduisent une volonté politique défaillante et une protection manifeste des puissants, au détriment de la justice et du peuple congolais.

JUSTICIA asbl appelle par ailleurs le ministre de la Justice à aller jusqu’au bout de son engagement en garantissant une justice égale pour tous, sans distinction de rang ou d’appartenance politique. Elle invite également les autorités judiciaires à coopérer avec les institutions internationales dans le traitement des dossiers liés à la corruption, au blanchiment des capitaux et au trafic illicite des minerais, conformément à la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC).

« La justice ne peut pas être un instrument au service des puissants, mais un rempart pour les faibles », conclut l’organisation.

Dans un pays où les gisements d’or, de cuivre et de cobalt valent plus que les vies humaines, la vraie fraude n’est pas seulement celle des minerais, c’est ausssi celle d’une justice qui ferme les yeux sur les puissants.

JUSTICIA asbl rappelle qu’aucune nation ne se construit sur l’impunité. Tant que les barons de la fraude minière continueront à dicter la loi depuis leurs bureaux climatisés, le Congo restera riche sous terre mais pauvre en justice.

Emmanuel Kamba

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