Les organisations de défense des droits humains PELDDH (Patrice Emery Lumumba pour le Développement Communautaire, la Défense et la Promotion des Droits Humains) et IPDHOR SOCIALE (Initiative pour la Protection des Droits de l’Homme et la Réinsertion Sociale) tirent une alerte grave sur les dérives de l’exploitation minière industrielle dans la province du Maniema, particulièrement dans les territoires de Punia, Losso et Lubutu.
Au terme d’une mission d’investigation de terrain, ces deux ONG révèlent une spirale de violations liées à l’extraction de la Tantalite (Coltan) et de l’Étain (Cassitérite) par les sociétés TERRA KARA, BRITCON, SAKIMA et CONGOJANXIE. Les constats dressés sont accablants et traduisent, selon les enquêteurs, une gouvernance minière plongée dans un système de prédation et d’impunité organisée.
Selon le rapport conjoint, ces entreprises minières foulent aux pieds les engagements sociaux et environnementaux pris envers les communautés locales. Le non-respect des cahiers des charges communautaires, la déforestation incontrôlée, la pollution des sols et des rivières, et la détérioration du cadre de vie des populations sont au cœur des accusations.
Mais plus grave encore, les ONG pointent du doigt la complicité active de certains acteurs politiques, administratifs et militaires, accusés d’alimenter un véritable réseau mafieux autour de ces exploitations.
« Au Maniema, la richesse du sous-sol ne profite qu’à une poignée de privilégiés tandis que les communautés locales croupissent dans la misère, la peur et le silence imposé », fustigent les deux organisations dans leur déclaration.
Le rapport dénonce également des conditions de travail assimilables à de l’esclavage moderne, notamment le licenciements abusifs, absence de décompte final, salaires dérisoires et non adaptés à la pénibilité des tâches.
« Les ouvriers sont traités comme de simples instruments, sans aucun respect de leur dignité humaine », déplore un responsable de PELDDH, qui appelle à une réforme urgente du cadre de gouvernance minière au niveau provincial.
Les deux structures se disent outrées par le silence complice des autorités locales et nationales, qui ferment les yeux sur les pratiques frauduleuses, notamment la sous-déclaration des statistiques de production et la dissimulation de revenus miniers.
Cette situation, selon ces ONG, constitue une trahison du peuple congolais et un sabotage manifeste des principes de transparence prônés par l’ITIE (Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives).
Face à ce qu’elles qualifient de pillage institutionnalisé du Maniema, les deux ONG appellent à des mesures immédiates :
- Une mission d’enquête indépendante du ministère des Mines pour identifier et sanctionner les complices de ce système mafieux ;
- Des sanctions exemplaires contre les sociétés minières concernées pour non-respect des droits humains et des normes environnementales ;
- Une réparation équitable en faveur des travailleurs lésés ;
- L’intervention de la justice afin que les auteurs et leurs complices répondent de leurs actes devant la loi.
Un cri pour une exploitation minière responsable
PELDDH et IPDHOR réaffirment leur engagement à défendre une exploitation minière éthique et respectueuse de la dignité humaine, de l’environnement et du développement communautaire.
« Le Maniema ne doit plus être le théâtre de la cupidité et du mensonge. Il est temps de rendre au peuple ce qui lui revient de droit », concluent-elles avec amertume.
Emmanuel Kamba









